Rechercher dans ma chambre

mercredi, décembre 19, 2007

L'apothéose répétitive de l'instant

Christian Rioux, pointant du doigt cette culture du changement perpétuel dans laquelle nous vivons, cite cette belle formule du Français Régis Debray qui y voit « l'apothéose répétitive de l'instant » (1)

Cette formule correspond au concept d'« extase » chez Kundera, ce qui nous ramène -- par un chemin que j'emprunterai souvent au cours des prochaines semaines -- à l'infantilisation et au kitch.
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(1) Rioux, Christian. « L'ensemble vide  ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi,28 septembre 2007) (Page consultée le 28 septembre 2007)

Petit feu intellectuel

Mais qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Pendant quatre mois, absence totale de motivation à écrire. Et total aussi le désintérêt de l'actualité.

Alors quoi ?

J'ai joué à Literati sur Yahoo Jeux. Beaucoup joué. Et puis, avec l'acquisition d'un nouvel ordi, justement il y a quatre mois, de nouvelles possibilités sont apparues, notamment des possibilités multimédias. Copie de DVD, conversion de DVD en format Divx, montage video, etc. Bref, encore jouer, se distraire, encore s'aliéner par infantilisation. Puis, cette article de Foglia où il cite Gombrowicz, et que je cite à mon tour : « Finalement c'est ce fou de Polonais Witold Gombrowicz qui, à la même époque (1937), a inventé IKEA dans son premier roman, Ferdydurke : C'est seulement à l'aide d'un personnel adéquat que nous pourrons faire retomber le monde entier en enfance. »

C'était au mois de juillet. Comme une étincelle. Suivie d'une première flamme, une première flamblée. J'ai téléchargé Le Château, de Kafka, l'ai lu en prenant des notes, comme un élève appliqué. Il est beaucoup question de l'enfance dans ce récit étrange, inclassable. Non, pas de l'enfance, mais de l'infantilisation, ce qui est très différent. Kafka n'est pas si loin de Gombrowicz quoiqu'il y paraisse. Ni de Kundera.

Infantilisation, consumérisme, individualisme et kitsch, tel est l'horizon sur lequel se projette les lueurs fragiles de mon petit feu intellectuel.
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(1) Foglia, Pierre. « L'avenir de l'homme et de sa fiancée ». Cyberpresse.ca [En ligne]. (Samedi 14 juil 2007) (Page consultée le 21 septembre 2007)

mardi, décembre 18, 2007

Sans commentaire

Lu dans le journal :
« Le salaire annuel moyen des 8000 médecins spécialistes du Québec bondira de 150 000 $ d'ici 2016, en vertu d'un accord intervenu avec le gouvernement Charest. [...] [L]e salaire annuel des spécialistes grimpera de 25,3 % -- y compris le redressement de 15,9 % consenti en décembre 2006 -- pour atteindre en moyenne, en 2016, 260 000 $. À cette hausse significative de la rémunération s'ajoutent des bonifications diverses totalisant 240 millions. Au total, la cagnotte salariale que se partagent les médecins spécialistes passera de 2,07 milliards en 2006-07 à 3,36 milliards en 2015-16. » (1)
Sans commentaire.
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(1) PC. « Santé - Jusqu'à 150 000 $ de plus par année pour les spécialistes ». Le Devoir [En ligne]. (Mercredi, 19 septembre 2007) (Page consultée le 20 septembre 2007)

Henri Séguin, 1919-2007

Mon père, devant la scie à ruban. Circa 1950

C’était un mardi après-midi. Ciel gris d’automne dans le carré de la fenêtre. Je discutais avec Francine devant l’écran de l’ordi. Le téléphone sonne. C’est Loulou : papa ne mange plus, on ne sait pas pourquoi. Le personnel ne tente pas de le faire boire non plus. Inutile. Il ne lui reste que quelques jours.

D’abord, aucune réaction. Encaisser le choc. Puis, peu à peu, quelque chose se noue dans la poitrine, quelque chose que l’on connaît bien, à quoi on voudrait résister. En vain. La peine est là, avec ses larmes, immense, qui nous déforme le visage.

Je n’avais pas vu mon père depuis décembre 2001. Il venait alors d’être admis au CHSLD des Vallées du Nord, à Labelle. Mon frère l’avait sorti et descendu à Montréal pour moi et Francine. Surtout pour moi, je crois. Une ultime visite qui m’avait fendu l’âme. Dans un courriel daté du 23 décembre, quelques jours plus tard, j’écrivais : « C'était une bonne idée d'amener papa ici. Il le mérite bien. Mais pour le coeur, ce fut un peu dur. Le vide et la solitude de son existence me brise le moral. Se peut-il qu'une vie de travail et de devoir se termine si misérablement ? Est-ce normal dans une société ? Disons que j'ai pas beaucoup dormi la nuit passée. Pourrai jamais m'habituer à voir notre vieux pleurer parce qu'on lui a donné des galettes. Des galettes, sacrament ! Comme si c'était trop pour lui. Comme s'il valait moins que ça ! ».

Plus que quelques jours à vivre pour notre père. Cette fois-ci, c’est nous, moi et Francine, qui allions devoir faire le trajet jusqu’au CHSLD. Toute une histoire. Il fut décidé que nous partirions à 12 h, car il m’est tout simplement impossible d’être prêt avant cette heure. Finalement ce fut 12 h 30. Loulou conduisait la fourgonnette adaptée, louée pour une journée, pendant qu’Irène, assise sur l’autre banquette, s’occupait de Moi et Francine. Deux heures pour l’aller, deux autres pour le retour. Et, entre les deux, un trop bref moment passé avec papa.

Ce qui m’a d’abord frappé, c’est de voir à quel point il avait l’air bien. Un soulagement. Bien toiletté, bien habillé et bien médicamenté, morphine et Versed. À travers les brumes opaques de l’inconscience, qui sait si l’infime étincelle de notre présence n’a pas pu se frayer un chemin.

Je tenais la main gauche de papa, étonnamment chaude, quand Céline et Rémi, que je n’avais pas vu depuis avril 2001, sont arrivés. En lâchant cette main pour me retourner vers l’entrée de la chambre, j’ai l’ai vue retomber au côté du lit, pendante dans le vide, ouverte, inerte, et j’ai senti dans un pincement fugace que j’abandonnais l’homme le plus important de ma vie, celui qui m’a donné plus que la vie : le bonheur. Puis Hélène et Jean sont arrivés à leur tour. Et, enfin, Karine. J’aurais aimé que la conversation tourne davantage autour de papa mais, apparemment, le plaisir d’être à nouveau réunis, les six enfants avec les deux belles-soeurs, après tant d’années, l’a emporté sur la gravité du moment. Comme d’habitude, les conversations n’ont rien eu de sérieux. J’ai pu constater que mes deux frères étaient aussi cons que moi. À dire vrai, je le savais. Mais d’en faire l’expérience physiquement m’a fait du bien.

Vers 17 h nous sommes repartis. Le ciel dégagé en s’obscurcissant ne laissait pas apparaître les étoiles, ce qui m’a étonné. Dans le stationnement du CHSLD, je m’écriais : « Où sont les étoiles ? » Sans comprendre qu’il était tout simplement trop tôt encore. Ainsi en est-il de celui qui n’a plus au-dessus de sa tête que le plafond sans âme de son appartement et, par la fenêtre, le ciel jaune et enfumé de la nuit urbaine. L’air était frais, propre, on aurait dit, différent. C’était mon pays, que j’avais désappris.

Papa est décédé le mardi suivant, comme je m’y attendais, sans savoir pourquoi, le jour de mes 42 ans. Il en avait quatre-vingt-huit. Je n’ai pu être présent aux obsèques, qui avaient lieu le matin à La Minerve, où papa a voulu être inhumé avec maman.

Depuis, il me semble que quelque chose a changé. Papa et maman sont plus vivants en moi. Il y a dix jours, j’écrivais à Jean :

« Pour me définir, quant à moi, j'emploierais plutôt cette formule lue dans le journal : je suis un athée de culture catholique. Et depuis quelques années, c'est vrai, mon ‘ fond ’ catholique refait surface. En particulier mon rapport à l'argent. Les protestants et les juifs valorisent la richesse alors que les catholiques ont avec elle des rapports plus tourmentés. Je méprise de plus en plus la mentalité bourgeoise. J'aimerais avoir de l'argent, bien sûr. Parce que, dans le système inégalitaire actuel, ce serait pour moi un moyen très efficace d'aider mon prochain. En une génération, nous avons oublié ce qu'est la pauvreté, la misère. Là se trouve peut-être la plus grande différence entre nous et nos parents. Combien de fois maman m'a dit de finir mon assiette parce qu'il y avait des ‘ p'tits pauvres ’ qui mouraient de faim. Je peux dire, quelque 40 ans plus tard : message reçu, merci maman. Il y a dans le catholicisme -- si on oublie un moment l'Église, sa hiérarchie, ses dogmes -- il y a un humanisme très puissant qui, lui, n'a pas pris une ride. Replacer l'être humain au centre de sa vie, c'est non seulement se préoccuper de justice sociale, mais aussi, par le fait même, d'environnement, d'équité entre les générations, entre le Nord et le Sud.

» J'en suis là. À essayer de vivre ma dignité d'homme. »

Ne pouvant assister aux obsèques, j’ai écrit un texte que Loulou a lu à l’église. Je le joins au présent billet.

Je voudrais témoigner aujourd'hui de ce que papa fut pour moi. Et témoigner aussi de certaines qualités qui ont fait de lui à mes yeux un homme unique.

La petite histoire veut que Henri ait quitté les sentiers battus pour prendre son propre chemin et se lancer dans le commerce des matériaux de construction. Un choix difficile qui n'a pas dû recevoir d'emblée l'assentiment paternel. Un choix courageux, dans une société qui favorisait plus la tradition, la continuité que l'initiative individuelle. C'est ce que je retiens d'abord de papa : la force de caractère.

Ensuite : la force de travail. Une maison à construire, puis une « boutique » et des bâtiments comme le « garage », la « shed à bois »... Un petit village au milieu du village. Des journées de 17 heures. Combien de fois ai-je vu papa courir vers la boutique en tenant sa poche de chemise toujours trop remplie ? Courir aussi vers la maison pour répondre à un appel téléphonique. Courir vers la shed. Bref, courir. À quoi s'ajoute ce que je ne pouvais voir, certaines nuits, durant mon sommeil : papa conduisant son camion rouge, direction Montréal, pour y chercher des matériaux. Je ne l'ai jamais entendu se plaindre. Cette vie exigeante, c'était la vie qu'il avait choisie. Le poids des lourdes responsabilités, plutôt que de l'écraser, l'a poussé à se dépasser au quotidien, dans ce cadre simple qu'est la vie d'un homme. Quand je pense à tout ce qui est sorti des mains de papa : meubles de tous genres, châssis, chaloupes, constructions diverses, je suis pris d'admiration et de fierté ; ces sentiments ne me quitteront jamais.

Mais la force de travail ne serait rien sans l'amour du travail. Plus que tout autre chose, papa aimait créer, inventer. Sur une photo datant des années 1950, on le voit penché sur une scie à ruban dont il n'a dû exister qu'un seul exemplaire dans le monde ! De même, j'ai vu papa découper la carcasse du chauffe-eau brisé pour remplacer une partie tout rouillée du plancher du jeep. Et que dire de ces patentes qu'il a inventées juste pour moi, parce que je ne marchais pas encore et que le médecin avait dit qu'il fallait me faire bouger les jambes. Mes deux petits pieds, au bout de mes deux petites jambes d'enfant de quatre ans, furent donc attachés à un pédalier, lui-même relié à un moteur électrique. Dès le moteur mis sous tension, je voyais mes jambes lancées dans un sprint aussi furieux qu'athlétique. À la même époque, il y avait aussi ce grand tonneau dans lequel une planche tenait lieu de siège ; une fois le tonneau rempli d'eau, et moi assis sur la planche, avec des chaussures à semelle de plomb, je n'avais qu'à laisser pendre mes jambes. Est-ce qu'on peut mesurer tout l'amour qu'il y a dans ces efforts, si humbles et pourtant remarquables, d'un père pour redonner la santé à son fils ? Cet amour, c'est le pays de mon enfance, c'est ma force intérieure et la plus précieuse des valeurs que j'ai reçues.

Mais si papa savait travailler avec ardeur, il savait tout autant s'amuser. En fait, l'ascèse du travail n'a jamais pu cacher le fait qu'il était avant tout un homme de plaisirs. Il aimait manger, disant, une main sur la panse, après un bon repas : « Mangeons bien, nous mourrons gras ! ». Il aimait contempler un beau paysage, et en particulier son lac, par les beaux soirs d'été, assis paisiblement sur la galerie avec une bière. Tout à coup se créait un moment d'éternité : j'étais assis sur la chaise placée à côté de la sienne, j'étais heureux. Sa capacité de jouir du moment présent, d'être dans le moment présent, n'était comparable qu'à celle d'un enfant. J'oserais même affirmer que là était sa plus grande force, sa potion magique sans laquelle il n'aurait pas eu cette incroyable force de travail et qui lui donnait aussi ce regard, cette présence unique. Papa ne disait pas tant son amour avec sa bouche -- sauf quand il nous mordait ! -- qu'avec ses yeux, son regard et l'entièreté de sa présence. Ce que j'ai perdu en quantité, je l'ai donc regagné en qualité et plus encore. Ainsi est fait le bonheur. De ces moments qui restent à jamais gravés dans la mémoire. J'aimais quand, au village, papa, en rentrant pour dîner, me prenait avec lui et m'emmenait jusqu'au lavabo de la cuisine : j'avais l'impression en me lavant les mains de ne pas être handicapé et de rentrer moi aussi d'une dure matinée de travail. Ou quand il m'emmenait avec lui dans le tracteur ou dans le camion rouge pour faire une livraison. J'aimais quand il me regardait avec un sourire entendu, sans rien dire. Ou quand il me disait : « T'es laid comme un cul ! », et que moi, je lui répondais : « Oui, pis i' paraît que j'te r'ssemble ! » J'aimais quand il chantait le matin en préparant le déjeuner, ou en travaillant ou au volant du jeep. J'aimais le voir découper des fausses semelles dans une vieille boîte de céréales, ou se gratter le dos sur un coin de mur, ou éplucher une orange en essayant de ne pas rompre le long ruban de la pelure. Ou le voir, au printemps, avec ses bottes de caoutchouc, son menteau à carreaux et sa casquette.

Si, encore aujourd'hui, j'atteins cette sorte de plénitude de l'être à l'approche de Noël, cet état de bien-être plus fort que tout, c'est grâce à papa, à cette magie du temps des fêtes qu'il avait su créer pour nous. Et c'est bien la preuve, s'il en fallait une, qu'il a réussi sa vie : il a créé pour ses enfants les conditions d'un bonheur durable.

lundi, octobre 22, 2007

Un nouvel ordi

Mardi dernier, Jennifer vient installer la nouvelle carte USB achetée sur e-Bay. Mon ordi est vieux, alors, plutôt que d’en acheter un neuf, je l’améliore par l’ajout de composantes plus performantes. Ainsi, ces dernières années, une barrette de mémoire SDRAM, un graveur de DVD, une carte réseau... Mon beauf, que je consulte parfois à ce propos, est catégorique :

Fous-moi cette scrap aux vidanges !

C'est vrai qu'il est devenu très lent, cet ordi, c’est vrai qu’il faut souvent s’y prendre à deux fois pour le faire démarrer, mais il n'y a qu'à le formater et à réinstaller tous les logiciciels. Une vraie cure de rajeunissement !

Ces conversations ne nous mènent jamais loin, chacun demeurant campé sur ses positions. Mes préoccupations environnementales lui paraissent une manière d’entêtement dénué de toute rationalité. Il se dit que, étant donnée ma situation, je devrais bien pouvoir me gâter un peu. Il est pourtant bien connu que les ordinateurs sont bourrés de matières et matériaux toxiques, lesquels finissent la plupart du temps par se retrouver dans l’environnement, avec les conséquences évidentes. Recycler ? Ouais... Pas si simple. Selon un classement « vert » établi par Greenpeace, le fabricant Lenovo est passé, en moins d'un an, du dernier au premier rang parmi un groupe de quatorze fabricants de produits électroniques. Pas banal. Tellement pas banal, en fait, qu'un doute m'est venu. « Deux raisons majeures expliquent cette progression fulgurante. D’abord l’engagement de Lenovo en faveur du principe de précaution et en faveur du principe [de] la responsabilité individuelle du producteur, qui implique que chaque entreprise est responsable des produits qu’elle commercialise et donc de leur devenir après obsolescence. Ensuite, la mise en place de services de reprise et de recyclage dans tous les pays où sont commercialisés ses produits -- ce qui en fait la première entreprise à atteindre cet objectif ». (1) Le problème de ce classement, c'est qu'il est établi « d’après les informations [que les fabricants] mettent à la disposition du grand public sur leurs sites internet ». Quoi, aucune vérification, aucune enquête indépendante ?

Se fier à la déclaration lénifiante de Lenovo, entreprise possédant d'importants centres d’exploitation à Beijing, en ce qui a trait au recyclage de ses ordinateurs, c'est, selon ma présomption, faire montre d'une étonnante naïveté. La Chine traîne en effet une très mauvaise réputation en la matière. Je lis samedi dans le Journal de l'environnement : « Les activités de recyclage de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) d’un site industriel chinois seraient à l’origine de l’empoisonnement au plomb des enfants riverains. C’est la principale conclusion d’un article scientifique paru dans la revue Environmental health perspectives ». (2) Également, sur le site même de Greenpeace, l'information suivante : « En 2003, 23 000 tonnes de déchets électroniques clandestins ou provenant du marché ‘ gris ’ ont été expédiées illégalement de Grande-Bretagne vers l’Extrême-Orient, l’Inde, l’Afrique et la Chine. Et on estime qu’aux USA, 50 à 80 % des déchets collectés pour être recyclés sont exportés. Cette pratique est légale car les USA n’ont pas ratifié la Convention de Bâle. La Chine continentale a essayé d’empêcher ce commerce en interdisant l’importation d’e-déchets en 2000.Greenpeace a cependant découvert que les lois ne sont pas respectées ; des e-déchets continuent d’arriver à Guiyu dans la région de Ghuangzhou, dans la province de Guangdong, principal centre de ferraillage en Chine ». (3) Et parmi ces « e-déchets », aucun ne portant le logo de Lenovo ? Hem !...

Jennifer installe donc ma nouvelle carte USB, rebranche l'ordi qui s'allume mais... refuse de démarrer. Même pas le bip habituel. Une rapide recherche de panne (troubleshooting) confirme le pire : la carte principale est foutue.

C'était mardi dernier. Vendredi, G. me prêtait son ordi, sachant que, sans ce précieux appareil, ma vie se résume à presque rien et... que je ne pourrais pas calculer sa paie !

Puis, hier, j'ai acheté sur Best Buy un nouvel ordi.

Un HP, huitième au classement « vert » de Greenpeace...

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(1) Greanpeace. « Guide pour une high tech responsable ». (Mars 2007) (Document pdf consulté le 14 mai 2007)

(2) Avignon, Claire. « Chine : le recyclage des DEEE mauvais pour les enfants ». Le Journal de l'environnement [En ligne]. (Mardi, 3 avril 2007) (Page consultée le 14 mai 2007)

(3) Greenpeace France. « Débranchez l'électronique toxique ! ». (Page consultée le 14 mai 2007)

lundi, mai 07, 2007

Sarkozy élu. Oublions le changement

« Montréal, une des plus belles villes d’Amérique du Nord, et même d’Europe. » (1)

Cette phrase, typique de l’humour de l’écrivain québécois Louis Gauthier, exprime bien, sans y paraître, le double enracinement de la culture québécoise : l’Amérique et la France. Ou plutôt : l'Amérique opposée à la France. La culture de masse opposée à la culture d’élite, TVA à Radio-Canada, l’ADQ au PQ, le joual au français international... Bien sûr je simplifie. N’empêche que ces deux pôles de notre culture ne cessent de nous travailler, de nous tirailler, en particulier sur la question du joual, laquelle, après plus de 40 ans de débats et d’empoignes, des Insolances du Frère Untel jusqu’à la controverse provoquée par David Homel, (2) en passant par Georges Dor et son essai Anna braillé ène shot, n’a pas encore été réglée.

Ce qui se passe en France ne doit donc pas nous être indifférent.

De manière générale, je trouve particulièrement décourageant de voir les Français remettre le pouvoir à un candidat qui incarne une droite dure, en rupture avec la droite gauliste traditionnelle, et quant au fond, peut-être bien semblable à celle de Harper, de Bush. Un candidat d’ailleurs américanophile et qui, dans le même esprit, au contraire de Chirac, ne semble pas s'intéresser une seconde à cette francophonie qui nous est si chère ici, au Québec. François Mitterrand aurait déjà dit que « la France était structurellement à droite et que la gauche était incapable d'y remporter une présidentielle sans la valeur ajoutée de son candidat ». (3) Les événements lui donnent une fois de plus raison.

Certains diront qu'avec Sarkozy au moins what you see is what you get. Peut-être. Mais est-il plus honnête pour autant ? À quoi peuvent bien nous servir sa hargne et son caractère vindicatif. Sur la question cruciale de la moralité politique, cet homme, que l'on compare à Berlusconi, n'a aucune crédibilité. Son ambition dévorante le rend opportuniste. N'est-il pas allé, pour se gagner le vote d'extrême droite, jusqu'à se montrer lepéniste à la fin du premier tour et d'en remettre au second tour ? Christian Rioux parle à juste titre d'un « pari cynique ». (4) Mais surtout, un homme politique de son importance qui se permet de qualifier de « racaille » une partie de la jeunesse française, montre qu'il ne sera jamais l'homme du changement qu'il prétend être, mais celui d'un « ordre » qui en est l'exact contraire, ordre qui ne saura être maintenu sans une certaine violence.

Car il est là, le vrai défi. Christian Rioux parle des trois crises qui entravent la France : crise du chômage, qui crée des « exclus », des citoyens « mis à l'écart du monde du travail, du logement normal, des centres-villes et de la vie sociale » ; crise de confiance, due aux « mensonges de la classe politique, [à] quelques cas de corruption jamais élucidés, [à] la langue de bois et [au] manque de transparence » ; crise, enfin, des banlieues, où s’entassent les exclus. (5)

Pendant qu'un vent de gauche balaie l'Amérique du Sud, il est inquiétant de voir une droite rigide s'installer en Amérique du Nord et en France, à un moment charnière de l'histoire de l'humanité, alors que de profonds changements s'imposent plus que jamais.

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(1) Gauthier, Louis. Les Aventures de Sivis Pacem et de Para Bellum. Tome II. Bibliothèque québécoise, Montréal, 2001, p. 44.

(2) Homel, David. « La littérature québécoise n’est pas un produit exportable ». Le Monde [En ligne]. (Jeudi, 16 mars 2006) (Page consultée le 11 avril 2006)

(3) Rioux, Christian. « La victoire du centre ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi, 27 avril 2007) (Page consultée le 4 mai 2007)

(4) Rioux, Christian. « Quelle identité nationale ? ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi, 4 mai 2007) (Page consultée le 4 mai 2007)

(5) Rioux, Christian. « Les trois crises ». Le Devoir [En ligne].(Vendredi, 20 avril 2007) (Page consultée le 4 mai 2007)

Sur la controverse Homel, lire aussi :

-- Gagnon, Madeleine. « À la défense de la littérature québécoise ». Le Devoir [En ligne]. (Mercredi, 22 mars 2006) (Page consultée le 11 avril 2006)

-- Binamé, Charles. « Libre opinion : En attendant Camus (!)... ». Le Devoir [En ligne]. (Mardi, 11 avril 2006) (Page consultée le 11 avril 2006)

samedi, mai 05, 2007

Les États-Unis veulent notre eau. Et ils l'auront !

C’est in extremis que le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) rendait public, le 6 avril dernier, à Bruxelles, le deuxième volet de son rapport d’évaluation 2007, celui-là portant sur les conséquences environnementales et socio-économiques du réchauffement climatique. Après d’âpres négociations, les États-Unis ont réussi à faire biffer la plupart des données chiffrées et une bonne partie des indices de fiabilité des conclusions. Ils obtenaient aussi que soit biffée une phrase clé selon laquelle l'Amérique du Nord « devrait être localement confrontée à de graves dommages économiques et à des perturbations substantielles de son système socio-économique et culturel » ¹.

Cet acharnement à attaquer la signification politique de ce rapport tiens évidemment au refus de l’administration Bush de respecter ses engagements en vertu du protocole de Kyoto, mais aussi à cette confiance, maintes fois réitérées, que les États-Unis ont les moyens de s’adapter à un environnement en rapide mutation.

L’actualité nous fournit maintenant un exemple de cette « adaptation » à l’américaine. Le Conseil des Canadiens émettait le 13 avril un communiqué à l’effet que le Mexique, les États-Unis et le Canada se seraient engagés dans une négociation secrète sur un projet de continentalisation des ressources naturelles devant ouvrir la voie à des exportations d’eau en vrac.

La nouvelle a suscité un vif émoi. Et pour cause. Les avis juriques confirment le pire, à savoir que « l'eau, selon le traité de l'ALENA, deviendra un bien commercial dès qu'elle deviendra, même une seule fois, un objet de transaction financière entre deux partenaires de pays différents. Dès lors, aucun gouvernement ne pourra plus la réglementer sans que cela devienne une entrave au libre-échange. Depuis quelques années, plusieurs juristes ont confirmé que les gouvernements au Canada perdront leur compétence sur la gestion de leurs eaux au profit du droit prioritaire des entreprises de les exploiter » ².

Voilà ce que l’administration Bush appelle « s’adapter ». Ce projet, appelé Projet sur l'avenir de l'Amérique du Nord 2025 (« North American Future 2025 Project »), est une initiative menée par le Center for Strategic and International Studies (CSIS, « un partenaire du gouvernement [des États-Unis] en matière de planification stratégique »), avec la complicité du Conference Board du Canada, et réunit une poignée de fonctionnaires, d'universitaires et de chefs de très grandes entreprises intéressées. Son objectif de « continentalisation des ressources, n'est en réalité qu'une façon déguisée pourles États-Unis de s'approprier les ressources en eau du Canada, tout comme ce pays a pris le contrôle à 50 % des secteurs du gaz et du pétrole canadien, dont la production sert désormais à 70 % la boulimie énergétique de nos voisins du Sud » ³.

Mais comment s’en étonner ? Depuis la pubication du deuxième volet du rapport 2007 du GIEC le 6 avril, les événements semblent se précipiter. Pour la première fois de son histoire, le Conseil de sécurité de l’ONU a débattu, mardi le 17 avril, du changement climatique, signe de la prise en compte d’un risque majeur. La veille, à Washington, un groupe privé de recherche, CNA Corp., publiait un rapport affirmant que le « réchauffement planétaire constituait une sérieuse menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis en risquant d'avoir un impact sur les opérations militaires et d'accroître les tensions mondiales » ⁴.

Dès que le pays le plus puissant de la planète se voit confronté à une rareté de ressources compromettant son mode de vie, cette rareté est interprétée, selon le schème belliciste habituel, comme une menace à la sécurité. Dès lors, toutes les violences deviennent possibles. Et ce n’est pas parce que nous sommes de gentils ti-Canadiens que nous serons épargnés.

C'est d'ailleurs ce qu'affirme le chef du Parti vert, Scott McKay : « Le risque est à nos portes, dit-il. Les perturbations économiques, géopolitiques, sociales, pourraient être graves si rien n'est fait aujourd'hui. Et devant l'ampleur des perturbations, nos gouvernements pourraient devoir commettre des gestes autoritaires, avec tous les risques de dérapage que cela suppose » ⁵.

Les Américains veulent notre eau. Ils l’auront. D’une manière ou d’une autre.


1. Festraëts, Marion. « Ecologie – GIEC : sombre avenir pour la planète ». L’Express [En ligne]. (Vendredi, 6 avril 2007) (Page consultée le 2 mai 2007)

2. Francoeur, Louis-Gilles. « Faire échec aux transferts massifs d’eau ». Le Devoir [En ligne]. (Mercredi, 25 avril 2007) (Page consultée le 2 mai 2007)

3. Conseil des Canadiens. « Fiche d'information Le projet sur le futur de l’Amérique du Nord  2025 », p. 2. [En ligne]. (Document pdf consulté le 2 mai 2007)

4. Enerpresse. « Le changement climatique à l’ONU ». Le Journal de l’environnement [En ligne]. (Mercredi, 18 avril 2007) (Page consultée le 2 mai 2007)

5. Deglise, Fabien. « Vert pâle plutôt que foncé ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi, 16 mars 2007) (Page consultée le 17 mars 2007)

À lire aussi :

– « Le 22 mars, Journée mondiale de l'eau : la soif ». 25 mars 2006

lundi, avril 30, 2007

Suis allé dehors

Suis allé dehors jeudi. Pour la première fois de l’année. Le ciel était gris, des détritus jonchaient encore le sol, çà et là. Ketelie, dans son français approximatif que je n’ai jamais réussi à imiter, aggravé d’une articulation pâteuse, comme engourdie, m’a dit quelque chose que j’ai interprété comme :

Et pis, comment tu trouves ça ?

Sale et plutôt morne, Ket. Nous avons profité du fait que le trottoir était libre pour l’emprunter. Sans trop savoir ce que nous allions en faire.

Tiens, pourquoi ne pas en profiter pour aller déposer le « recyclage » dans les bacs ? L’idée tombait plutôt bien, Ket portait justement deux sacs remplis de matière soigneusement triée. Allons-y.

À mi-chemin, j’ai retrouvé, parmi les touffes d’herbe jaunie, le vieux cadenas rouillé, accroché au même poteau depuis des années.

Les bacs sont situés près du bloc A – pour Acacia – où habite ma soeur. Un abri fait d’une armature recouverte d’une toile les protège des intempéries. L’endroit n’en est pas moins crasseux, tout comme les bacs, que Ketelie n’osait toucher que du bout des doigts. Bizarrement tous vides. Où mettre le verre ? Où mettre le papier ? Un seul bac portait un pictogramme.

Tant pis.

Notre route s’est poursuivie jusqu’au IGA. Puis la pharmacie Nguyen. Puis le retour.

En ouvrant la porte de mon 3 ½, j’ai pensé au fait que, tout ce parcours inaugural, je l’avais effectué en pantoufles.

Il était 2 h 50. J’étais chez moi. De bonne humeur.

vendredi, avril 27, 2007

Mangeons moins de viande

Un blogueur dont j’ai oublié malheureusement le pseudo, demandait dans un récent billet ce qu’il pouvait bien faire pour aider à lutter contre l’extrême misère qui afflige des populations entières partout dans le monde. La veille, un reportage sur les passeurs illégaux en Somalie l'avait quelque peu secoué. Une horreur en effet. Je lui ai alors suggéré de faire un don, par exemple à Oxfam. Et aussi, peut-être par provocation, de manger moins de viande... Oui, oui. Le lien, pour être indirect, n’en est pas moins réel. Pourquoi tant de pauvres diables sont-ils si désespérés qu’ils n’hésitent pas à confier leur sort à des bandits violents qui les entassent comme du bétail, au risque de leur vie, sur des rafiots devant les mener au Yémen, de l’autre côté du golfe d’Aden ? Bien sûr, il y a 15 ans de guerre civile et de chaos. Mais aussi, le réchauffement climatique. Il y aura de plus en plus de phénomènes climatiques extrêmes, comme l’actuel sécheresse qui dévaste la corne de l’Afrique. On parle désormais de « réfugiés climatiques ». Or, selon le troisième rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC), dont le Devoir nous offrait un aperçu hier :

« Le cocktail de mesures nécessaires pour atteindre cet objectif [de réduction des gaz à effet de serre] comprend [...] une réduction radicale des émissions de méthane attribuables aux élevages de bétail et la mise au point de technologies susceptibles de réduire les émissions de GES dans tous les domaines de l'activité humaine, indiquent les 33 auteurs du rapport ». (1)

De même, sur le site de l’ONU, ceci :

« L'élevage accroît le stress sur les écosystèmes et contribue à l'aggravation des problèmes environnementaux au niveau mondial. A titre d'exemple, 10 à 20 % des pâturages sont dégradés principalement par le bétail alors que l'élevage contribue à hauteur de 9 % aux émissions de gaz carbonique et à hauteur de 37 % aux émissions de méthane. L'élevage, c'est aussi 8 % de la consommation mondiale d'eau. » (2)

37 % du méthane -- un GES 22 fois plus puissant que le CO2 -- émis dans l’atmosphère vient de l’élevage !

Eh bien, mangeons moins de viande.

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(1) Francoeur, Louis-Gilles. « Kyoto : la catastrophe économique n’aura pas lieu, affirme le GIEC ». Le Devoir [En ligne]. (Mercredi, 25 avril 2007) (Page consultée le 26 avril 2007)

(2) Centre de nouvelles ONU. « FAO : des réformes dans l’agriculture sont essentielles face à la dégradation des écosystèmes vitaux ». Centre de nouvelles ONU [En ligne]. (Mercredi, 25 avril 2007) (Page consultée le 26 avril 2007)

Scoliose

J’ai fait mention dans mon dernier billet de ma scoliose. Un chirurgien a bien tenté de me la corriger en 1982, en bricolant pendant huit heures, avec ses grosses pattes, une armature faite de trois tiges de titane. La chose a tenu jusqu’à il y a 10 ans. Je ne saurai jamais pourquoi : la colonne, aux vertèbres pourtant « soudées » avec une préparation de poudre d’os, et toujours soutenue par les tiges, la colonne a subi depuis 10 ans un lent mouvement de crispation, comme un papier qui se tord sous l’action des flammes. Ce mouvement indolore qui me tord et me donne de plus en plus un air cubiste, se terminera, selon tout apparence, avec mon existence. Le port d’un corset l’a ralenti simplement.
Mais je me console quand je lis ceci :
« Jeanne d'Autriche, l'épouse de François Ier (1541-1587) de Médicis, grand-duc de Toscane, fut encore plus éprouvée. Fille de l'empereur Ferdinand Ier d'Autriche, Jeanne souffrait d'une multitude de malformations congénitales d'origine héréditaire. Peu favorisée par la nature, elle présentait un fort prognathisme, cette proéminence des mâchoires caractéristique des Habsbourg, une ossification excessive, appelée hyperostose, de la voûte crânienne, une malformation des couronnes dentaires, des scolioses marquées de la colonne vertébrale, une dislocation congénitale de la hanche ainsi qu'une difformité du bassin qui a rendu très difficiles ses multiples accouchements, provoquant sa mort à l'âge de 30 ans lors du dernier d'entre eux ». (1)
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(1) Gravel, Pauline. « Des macchabées pour détruire les mythes ». Le Devoir [En ligne] (Jeudi, 5 octobre 2006) (Page consultée le 23 avril)

samedi, avril 21, 2007

Banalités

Je n'ai pas d'opinion sur la récente tuerie en Virginie, sinon, comme je le disais à Oktobre, les banalités d'usage : la prolifération des armes, ouach ; la violence de la société américaine, ouach ; la détestable idéologie conservatrice, ouach ouach, etc. Au fond je m'en foutrais presque. Presque. Si ce n'était que j’exècre ces grandes messes d'adieu larmoyantes, dégoûtantes de pathos et d'hypocrisie bigote. Récupération politique.

Presque. Pendant ce temps, quelques centaines de pauvres types mouraient en Irak, déchiquetés par des explosions d’une violence inouïe, des morceaux de corps projetés à la ronde, un épais nuage de chairs sanguinolentes, de débris et de poussières s’élevant vers le ciel, obstruant la vue, semant la panique, bloquant tout action... Un carnage qui laisse sans voix.

Mais ça aussi, apparemment, c'est devenu une banalité.

Je me contenterai donc de cette phrase de Foglia, qui m'a fait du bien : « Tout est violent, ma foi. C'est pourquoi je ne me retiens pas de l'être un peu, cela me garde de le devenir beaucoup ». (1)

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(1) Foglia, Pierre. « Des psys par millions ». Cyberpresse.ca [En ligne]. (Jeudi, 19 avril 2007) (Page consultée le 20 avril 2007)

Pourquoi écrire ?

Une réflexion d’Alain Médam :

« Et moi, pourquoi écrire à ce propos [la guerre en Irak] ? Pour informer ? Mais on le sait déjà. Pour réfléchir ? Mais à quoi ? À l'absurdité de la guerre ? Tout a été dit, également. Si l'écriture garde un sens, ici, c'est qu'elle s’entend peut-être comme une prière. Non pas adressée à Dieu qui n'observe cela que de loin. Mais adressée aux hommes. Car ces enfants meurtris, blessés dans leur âme, seront des hommes, des femmes, un jour. Des mères. Des pères. Et ce jour-là, que feront-ils ? » (1)

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(1) Cornellier, Louis. « Essai - Le monde de Médam ». Le Devoir [En ligne] (Samedi 24 et dimanche 25 février 2007) (Page consultée le 18 avril 2007)

Cryogénie

Une de ces petites phrases amusantes :

« La cryogénie, c'est mon deuxième choix ! Mon premier, c'est de ne pas mourir. » (1)

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(1) Robitaille, Antoine. « La mort suspendue ». Le Devoir [En ligne]. (Mardi, 4 janvier 2005) (Page consultée le 18 avril 2007)

mardi, avril 03, 2007

« C’est fou ce qu’ils n’apprennent rien ! »

Mon petit commentaire sur la réforme « du programme d'études de l'école primaire et secondaire », (1) puisque c’est ainsi, paraît-il, qu’il faut l’appeler.

Il y a ceux qui sont pour. Ceux-là ont décidément bien du pain sur la planche. Car il y aussi ceux qui sont contre. Et ceux-là apparemment sont de plus en plus nombreux. De part et d’autres les arguments fusent et moi et la majorité silencieuse au milieu, moi, j’y père mon latin... et même mon français, tiens.

Je n’ai pas d’enfants bien sûr, mais ma soeur Loulou a sa petite Adéline qui est en deuxième année, et ce qu’elle me dit n’a rien de rassurant : « C’est fou ce qu’ils n’apprennent rien ! » Chaque soir, elle passe donc une heure avec sa fille pour lui apprendre ce que sa professeure, diplômée en « sciences de l’éducation », ne lui a pas appris pendant la journée. Il faut dire qu’en classe, le rythme d’apprentissage est déterminé par les élèves les plus faibles. Ce qui m’a le plus étonné, c’est que les élèves doués n’ont pas le droit de s’avancer dans leurs matières ; s’ils ont terminé leurs leçons, ils ne peuvent pas non plus, comme nous le faisions autrefois, aider leurs camarades. La diplômée en sciences de l’éducation leur dit tout bêtement de s’amuser en attendant. Alors ils comprennent que plus vite ils ont fini leurs leçons, plus vite ils peuvent s’amuser. Yeah ! C'est ainsi qu’ils finissent par bâcler les exercices dans leurs cahiers.

Faut-il s’étonner dès lors que, six ans après l’implantation de cette réforme, les résultats à l’épreuve obligatoire d’écriture en français soient jugés « inquiétants » (2)

Loulou a elle-même été victime, si j’ose dire, de ces gourous du ministère de l’Éducation qui, au tournant des années 1970, avait introduit au primaire la méthode dite « du sablier », une catastrophe dont le chef actuel du PQ, André Boisclair se plaignait encore récemment. (3)

Cela dit, il se peut que le problème se trouve bien en amont de cette réforme. Et si c'était la société qui avait changé ? J’en viens à cet extrait d’un éditorial de Josée Boileau :

« L'école, du primaire jusqu'à l'université, est prisonnière d'un double discours. D'une part, elle doit veiller à ce que les apprentissages soient maîtrisés ; d'autre part, nous ne tolérons pas l'échec. Que diraient les parents, les élus, les journalistes si une école constatait que le tiers des enfants de six ans qui la fréquentent ne sont pas de niveau, qu'ils reprendront donc le b-a ba le temps qu'il le faudra ? Ce serait le tollé. Et le système n'est pas conçu pour ça.

» On veut donc des résultats. Partout en Occident, les ministres de l'Éducation fixent des objectifs de réussite, toujours plus élevés, le ministère s'arrange pour qu'ils soient atteints, les médias s'indignent s'ils ne sont pas respectés, les parents prennent fait et cause pour leur enfant. Et tout le monde ferme les yeux sur la classe réelle, celle avec laquelle le prof doit se débrouiller.

» Peut-être que la démocratisation scolaire aurait dû s'accompagner de l'acceptation que seuls ceux qui le peuvent réussiront ». (4)

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(1) Cornellier, Louis. « Essais québécois - Un autre regard sur la réforme scolaire ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi 10 et dimanche 11 mars 2007) (Page consultée le 1er avril 2007)

(2) Chouinard, Marie-Andrée. « Réforme scolaire : résultats décevants ». Le Devoir [En ligne]. (Mardi, 20 juin 2006) (Page consultée le 1er avril 2007)

(3) Robitaille, Antoine. « Boisclair, victime de la ‘ méthode du sablier ’ ». Le Devoir [En ligne]. (Lundi, 19 mars 2007) (Page consultée le 2 avril 2007)

(4) Boileau, Josée. « Grand mensonge ». Le Devoir [En ligne]. (Mardi, 5septembre 2006) (Page consultée le 1er avril 2007)

Lire aussi :

« Individualité infantilisée ». 21 janvier 2007

mercredi, mars 28, 2007

Réalité / irréalité

Très bon article de Christian Rioux cette semaine. (1) Un exemple de concision et d’habileté rhétorique. Pas un mot de perdu. L’argumentation avance en amenant un par un ses motifs, (2) de manière naturelle, sans heurter le lecteur, comme si ces motifs allaient de soi, ce qui en vérité n’est pas le cas.

De manière tout à fait factice, Rioux oppose d’entrée de jeu la gravité des préoccupations politiques en France, en Angleterre, aux États Unis, au premier motif de son texte, soit la légèreté, pour ne pas dire la futilité des politiciens québécois tout entier plongés dans le « délire » des jeux gais de l’été dernier. Le choix des jeux gais ici n’est pas anodin. Rioux lui associe son second motif, décrit comme un certain progressisme « cool », « tripant », confinant à l’autosatisfaction, promu – c’est son troisième motif -- par une « gauche cosmopolite » très en vogue – quatrième motif -- sur le Plateau Mont-Royal. Ce progressisme bien-pensant aurait fait l’impasse sur bien des débats sociaux, comme – cinquième motif -- l’homosexualité, l’immigration, pourtant toujours d’actualité ailleurs, sous prétexte d’un consensus qualifié de « malsain » et de « mou ».

Ce qu’il y a d’intéressant et d’exemplaire dans ce texte, et ce qui explique son efficacité, c’est que les liens entre les motifs ne sont pas expliqués. Rioux demande au lecteur de les accepter tels quels. Ainsi délire, gauche cosmopolite, Plateau Mont-Royal, multiethnisme, jeux gais composent ce que j’appellerais le paradigme de l’irréalité. (3)

Ce paradigme, une fois établi, permet à l’auteur d’y aller plus librement et de railler cette gauche qu’il ne tient pas en haute estime, laquelle serait tombée de son supposé « petit nuage pastel » : « Welcome to the world ! ». De même, l’ajout d’un nouveau motif, celui-là éminemment discutable : le rejet du passé –- les « plaines d'Abraham et les rébellions de 1837-38 » -- passé qui constitue, avec la langue, le coeur de notre identité nationale, de notre réalité. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de voir l’usage de l’anglais être associé au motif du plateau Mont-Royal et à celui de l’immigration : « Des amis de Joliette me faisaient remarquer en passant que, par snobisme ou à cause de l'immigration, on parlait de plus en plus anglais sur le Plateau Mont-Royal. » (3) Remarquez, ses amis ne sont pas de Montréal, laquelle est associée au motif du Plateau et par conséquent inscrite au paradigme de l’irréalité, ils sont de Joliette, située en région, ils sont la réalité.

Suivant cette logique, il est clair que nous avons d’un côté le PQ et Québec solidaire, qui sont des partis montréalistes, flottant sur un nuage pastel, et de l’autre côté l’ADQ à l’écoute, comme le dit leur chef, du vrai monde.

Est-ce à dire que Rioux aurait voté pour le parti de Mario Dumont ? Non. Il serait plus juste de dire que son texte adopte le point de vue de ceux qui ont voté pour le nouveau chef de l’opposition, afin de faire comprendre au lecteur du Devoir, majoritairement des souverainistes et des progressistes, ce qu’est la réalité du Québec. Une manière de wake up call pour amener un débat social sur des questions importantes et encore litigieuses, comme l’homosexualité et surtout l’immigration car, à « force d'excommunier ceux qui ne font que poser des questions et s'interroger, les nouveaux curés du multiethnisme ont en quelque sorte retardé l'échéance et suscité des réactions extrêmes comme celle des citoyens d'Hérouxville. »

Je suis évidemment contre la logique de son texte qui crée un dualisme réalité / irréalité non fondé. N’est il pas plus juste de dire que si les membres du PQ et de QS sont « déconnectés » non pas de la réalité mais d’une certaine réalité en région, nous pourrions aussi bien argumenter que les citoyens d’Hérouxville et plusieurs parmi ceux qui ont voté pour l’ADQ sont déconnectés de la réalité multiethnique, progressiste de Montréal, laquelle s’imposera de plus en plus comme la réalité, du fait de l’immigration importante qui modifie chaque année un peu plus le paysage démographique du Québec.

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(1) Rioux, Christian. « Le retour du bâton ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi, 23 mars 2007) (Page consultée le 28 mars 2007)

(2) J’emploie motif pour désigner un mot ou groupe de mots exprimant une idée, une qualité, désignant un lieu, un fait... Comme dans une composition musicale, le motif n’a ici de valeur qu’en fonction des autres motifs auxquels ils renvoient. C’est-à-dire que n’ayant pas de valeur en lui-même – c’est là le point important – il ne requiert ni explication ni justification et donc échappe d’emblée à toute remise en question, toute distanciation de la part du lecteur. Un nouveau motif amené dans un texte permet d'en relancer l’argumentation, de la complexifier par le jeu des renvois aux autres motifs, et ainsi de créer une réseau, comme une toile de laquelle le lecteur aura de la difficulté à s’extirper.

(3) Un paradigme regroupe ici un ensemble hétérogène de motifs sous l’unité d’une même notion, soit, dans un cas l’irréalité, opposée bien sûr à l’autre paradigme, celui de la réalité.

mardi, mars 27, 2007

22 mars : Journée mondiale de l'eau... et Hérouxville

Le 22 mars, Journée mondiale de l’eau. Une occasion pour rappeler certains faits troublants. Le thème de cette année a justement pour titre : « Faire face à la pénurie d'eau ».

Cette pénurie, qui n’a pas soulevé l’ombre du cul d’un début de commentaire de nos chefs en campagne électorale, campagne exclusivement axée sur nos thèmes locaux, à l’image de la société peu ouverte que nous sommes encore, obsédée par tout ce qui s’appelle niqab, hijab et autres foulards islamiques, cette pénurie, donc, « touche [pourtant] aujourd’hui environ 700 millions de personnes dans 43 pays et ce chiffre pourrait dépasser 3 milliards d’ici à 2025. » ! (1) Ce qui fait dire à Jacques Diouf, directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qu’il s’agit de « l’enjeu du XXIème siècle » (2)

Et comment. L’accroissement de la population mondiale entraînera des besoins également croissants en eau. Ces besoins cependant seront durement confrontés à des sécheresses plus fréquentes, du fait du réchauffement climatique, lequel en outre intensifiera « les orages et les inondations qui détruisent les cultures, polluent l'eau douce et endommagent les installations de stockage et de transport de cette eau. » (3)

L’eau, qui est déjà l’enjeu de plusieurs conflits, comme au Soudan, au Moyen-Orient, sera la source, si j’ose dire, de tensions politiques sans précédent à l’échelle internationale, multipliant le nombre de déplacés, de réfugiés. Le nombre de demandes d’asile suivra évidemment la même évolution.

Les gens de Hérouxville, à l’instar de certains blogueurs ici, grands producteurs de gaz à effet de serre comme à peu près tous les Québécois, contribuent à un problème humanitaire -- 50 millions de réfugiés climatiques d’ici 2010 selon le GIEC -- dont ils refusent d’être la solution. Ces Québécois d’une autre époque viennent de se réveiller et de prendre conscience qu’ils vivaient dans une société régie par des lois progressistes, ouvertes à la multiethnicité et à la complexité du monde, et ils capotent. Ils se ruent sur leur ordinateur, sur leur téléphone et, dans un souffle rageur, crachent une volée de menaces au directeur-général des élections.

Le XXIème siècle est bel et bien commencé.

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(1) Centre de nouvelles ONU. « Journée mondiale de l'eau : 425 millions d'enfants dans le monde confrontés à des pénuries ». ONU [En ligne]. (Vendredi, 23 mars 2007) (Page consultée le 23 mars 2007)

(2) Centre de nouvelles ONU. « FAO : la pénurie d'eau croissante nécessite un sursaut, à commencer par de meilleures pratiques agricoles  ». ONU [En ligne]. (Vendredi, 23 mars 2007) (Page consultée le 23 mars 2007)

(3) Idem.

lundi, mars 19, 2007

Le blogue : un acte de réappropriation démocratique

Je me suis assez exprimé ici quant à cette déconcertante et affligeante vogue des blogues et autres espaces de diffusion de la parole. Une autre perspective m’a cependant été offerte dans l’extrait suivant d’un article consacré à la célèbre philosophe Hannah Arendt :

« En tant que citoyens, nous occupons paradoxalement une place restreinte, voire presque inexistante, dans la campagne électorale. Il y a bien quelques endroits où nous pouvons nous exprimer (lettres d'opinion, tribunes téléphoniques, etc.), mais nous sommes principalement des spectateurs plutôt que des acteurs. Notre participation, si c'en est une, prend surtout la forme d'un pourcentage dans le sondage des intentions de vote. » (1)

Se pourrait-il que, par l’Internet, comme le suggère d'ailleurs un article de Paul Cauchon (2), les citoyens se réapproprient l’espace public confisqué par les médias de masse qui décident, selon des critères qui nous échappent, qui sera vu et entendu et qui ne le sera pas ?

Ce que j’associais à une réaction infantile, égotiste et parfois même narcissique, témoignerait aussi bien d’une certaine maturité démocratique...

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(1) Di Croce, Marianne. « Le Devoir de philo - Hannah Arendt entre la campagne électorale et la Nuit de la philosophie ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi 17 et dimanche 18 mars 2007) (Page consultée le 18 mars 2007)

(2) Cauchon, Paul. « Lassitudes, dites-vous ? ». Le Devoir [En ligne]. (Lundi, 19 mars 2007) (Page consultée le 19 mars 2007)

Lire aussi :

-- « Nos ego en quête de reconnaissance ». 4 mai 2006

samedi, mars 17, 2007

Un « équilibre » entre développement économique et protection de l'environnement

« Tous les Canadiens désirent un équilibre entre la croissance économique et la protection de l'environnement, a dit M.Harper. L'atteinte de cet équilibre est le défi fondamental de notre époque. » (1)

Combien de fois avons-nous entendu cet argument ? Je ne les compte plus. Argument, remarquez, qui est toujours celui des détenteurs du pouvoir, les Stephen Harper, les Jean Charest, les yes men de l’industrie pétrolière, forestière, agro-alimentaire... Tout ce beau monde veut nous faire croire à un système économique déséquilibré car assujetti à des impératifs de protection de l’environnement excessifs qui nuisent au développement.

Non mais... ! Est-ce qu’il en faut du culot pour soutenir pareil mensonge ?! Il ne se passe pas une semaine, pas une crisse de semaine, sans que les médias nous rapportent tels résultats d’une étude scientifique faisant état d’une dégradation critique de tel type d’écosystèmes, comme les mangroves, ou de la possible disparition de telle espèce animale, comme l’ours polaire, le corail, ou végétale, comme l’ail des bois ; pas une semaine sans que le bilan des destructions ne s’alourdissent. Dans toutes les régions du Québec, comme partout ailleurs sur la planète, des organismes naissent de la volonté de simples citoyens, mus comme par un instinct millénaire, de défendre leur environnement, un tronçon de rivière ici, un lac, un marais là, sans parler des mobilisations générales comme dans le cas du Suroît, du parc du mont Orford...

Il est là le déséquilibre, dans ce système qui protège les acquis corporatistes et non pas les espèces vulnérables, au nombre desquelles nous figurerons peut-être un jour, système prédateur et aveugle.

Cette phrase, c’est le baiser de Judas de nos ministres, c’est la preuve de leur traîtrise. En cette période électorale, il importe de la garder à l’esprit.

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(1) « Harper annonce 156 millions $ pour l'environnement en Alberta ». L’actualité.com [En ligne]. (Jeudi le 8 mars 2007) (Page consultée le 15 mars 2007)

lundi, mars 12, 2007

Désir d'« achèvement » au fond de la conscience québécoise

Dans le Devoir de cette fin de semaine, Louis Cornellier citait le sociologue Jacques Beauchemin :

« La victoire du PQ, écrit-il, est loin d'être acquise et, le cas échéant, la perspective d'un référendum gagnant ne l'est pas plus. S'il accorde néanmoins son vote au PQ, c'est simplement qu'il veut signifier, par ce petit geste et ‘ par-delà toutes les considérations stratégiques du monde, [...] le vieux désir d'achèvement qui est au fond de la conscience historique québécoise ’ et qu'il se sent ‘ le devoir de prolonger ’ » (1)

Que j’aime cette phrase : le vieux désir d'achèvement qui est au fond de la conscience historique québécoise. Surtout ce mot : achèvement, du verbe achever, qui veut dire : « Apporter le dernier élément nécessaire pour que se réalise pleinement un état, un fait », mais aussi, tiens, tiens : « Porter le coup de grâce à (une personne, un animal) » (Petit Robert).

Ce mot, donc, résume à lui seul le dilemme québécois : souveraineté ou fédéralisme, affirmation collective et assomption d’une indenté nationale, ou minorisation, dissolution dans la totalité canadian.

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(1) Cornellier, Louis. « Les intellectuels rejettent le populisme adéquiste et le conservatisme libéral ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi le 10 et dimanche le 11 mars 2007) (Page consultée le 12 mars 2007)

dimanche, mars 11, 2007

Calcul des émissions de CO2

Pour faire suite à mon récent billet sur le réchauffement climatique, j’ai trouvé sur l’Internet un site très intéressant, celui de l’organisme Action carbone, qui permet de calculer nos émissions de CO2 à partir de données sur nos déplacements et notre consommation d’énergie à la maison.

J’ai donc fait un test. J’ai inscrit que ma voiture – en vérité je n’en ai pas – consommait 10 litres aux 100 kilomètres, ce qui correspond à la consommation urbaine d’une sous-compacte de 4 cylindres (1), telle une Cobalt, ou une Ion, le genre de voiture que les Québécois utilisent. Pour le kilométrage annuel, j’ai été plutôt conservateur, et inscrivant 20000 kilomètres.

Résultat : ma voiture émet « 4848 kgEqCO2 » (2), « soit 2,6 fois ce que la terre peut supporter par personne par an pour stopper l’accroissement de l’effet de serre » ! Aïe, aïe, aïe ! Et je n’ai même pas encore ajouté la consommation d’énergie à la maison !

Ce simple exercice suffit à montrer l’ampleur de notre surconsommation d’énergie, sous toutes ses formes : électricité, huile, mazout, essence, kérosène, mais aussi – ce dont ne tient pas compte Action carbone -- produits manufacturés, aliments, services divers...

Notre planète ne peut en effet absorber que 1,8 tonne EqCO2 par personne par an, principalement par les océans et par la croissance de la végétation.

Une fois calculées nos émissions annuelles, Action carbone nous propose de les « compenser » en faisant un don correspondant au prix, sur les marchés internationaux, de la tonne de CO2. L’argent ainsi récolté pourra servir, par exemple, à financer des projets de capture de CO2 par la végétation (reforestation en Colombie ou au Chili) ou d'énergies renouvelables (réservoirs à biogaz en Chine, panneaux solaires au Brésil).

On trouvera plusieurs autres sites du genre, dont certains au Canada anglais. (3)

Au Québec, je n’en ai trouvé qu’un seul : le Centre québécois d'actions sur les changements climatiques. Et encore... Pour le calcul des émissions, nous sommes acheminés au site d’Équiterre, où finalement, après avoir entré nos données de consommation, nous découvrons qu’il n’y a pas moyen de compenser financièrement nos émissions et d’obtenir en retour un crédit d’impôt, comme cela se fait en France.

Par ailleurs, gardons à l’esprit cette remarque d'Actu-Environnement voulant que la « compensation volontaire des émissions de GES [doive] être considérée comme un mécanisme additionnel dans la lutte contre le réchauffement climatique offert aux entreprises, aux institutions et collectivités ou aux particuliers. Elle se positionne [tout au] bout de [la] chaîne [...] des solutions à proposer quand toutes les solutions d’efficacité énergétique ont été envisagées, quand tous les efforts de réduction des émissions ont été faits soit par l’amélioration des technologies, soit par le changement des comportements. » (4)

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(1) Selon le Guide de consommation de carburant, de l’Office de l’efficacité énergétique du Canada.

(2) Cette unité de mesure peut se lire : « kilogrammes-équivalent-CO2 ». Tous les gaz à effet de serre (GES) ne contribuent pas également au réchauffement climatique. Le méthane par exemple est 22 fois plus puissant que le CO2 ; le protoxyde d’azote, 320 fois ! Autrement dit un kilogramme de protoxyde d’azote émis dans l’atmosphère « équivaut » ou a le même effet que 320 kg de CO2 ! Le CO2 sert d’unité de mesure internationale dans le calcul des émissions de GES.

(3) Le site web de la Fondation David Suzuki en fournit une liste assez complète.

(4) Seghier, C. « L’ADEME veut harmoniser les pratiques des compensateurs d'émissions de gaz à effet de serre ». Actu-Environnement [En ligne]. (Lundi le 26 février 2007) (Page consultée le 9 mars 2007)

mercredi, février 21, 2007

Réchauffement climatique : vers des quotas individuels

Suite du billet du 19 février dernier

Donc, Montréal a passé l’an dernier un règlement interdisant de laisser tourner le moteur au ralenti plus de trois minutes. L’amende, en cas d’infraction : 50 dollars. (1)

Ce n’est qu’un exemple des mesures coercitives qui seront adoptées dans les prochaines années afin de nous corriger -- nous, citoyens -- de certaines habitudes devenues, avec le réchauffement climatique, néfastes.

La plupart de ces habitudes sont évidemment des habitudes de consommation, puisqu'en bons Nord-Américains que nous sommes, nous ne savons rien faire d’autres.

D’où la difficulté de nos élus, qui ne sont tout de même pas si nuls. Ils voient bien qu’il n’y a pas que les vilaines industries, les vilaines centrales thermiques fonctionnant au charbon, les vilaines pétrolières, que tout ce qui est produit est aussi nécessairement consommé et que, dans cette effroyable catastrophe qui nous tombe sur la tête, il y a beaucoup plus de petits coupables que de grands.

Des petits coupables, et aussi des petits lâches. Il est tellement plus facile, et moins confrontant, de gueuler contre Bush, l’Alberta, Harper, pour leur refus d’attaquer de front le problème du réchauffement climatique – ah oui, en passant, 2005 a été l’année la plus chaude selon la NASA et 2007 s’annonce encore plus chaud – que d’assumer en adultes, en êtres réfléchis, nos responsabilités réelles et immédiates à l’égard des pauvres du Sud qui seront – que dis-je : qui sont les plus affectés, et aussi à l’égard des générations à venir.

Mais ce temps béni de l’irresponsabilité, de l’insouciance et de la facilité tire à sa fin.
Si les gouvernements adoptent des mesures coercitives de réduction visant les grandes industries émettrices de gaz à effet de serre, vous pouvez être assurés qu’ils ne vont pas se gêner pour nous viser de même. (2)

Dans un récent billet je mentionnais que certaines multinationales, comme British Airways, Land Rover, Shell, British Petroleum..., offrent à leurs clients, de simples consommateurs, d’acheter au prix du marché des « crédits » d’émission de CO2. Bien sûr, l'idée participe avant tout d'une stratégie de marketing mais, maintenant qu’elle est lancée, elle va voler de ses propres ailes. Pour le moment il ne s’agit que d’une offre, sans obligation. Mais il n’y a pas de raisons pour que le marché international de crédits d’émission de CO2 actuellement mis en place n’inclue que les grandes entreprises. Bientôt nous y serons nous-mêmes inclus.

Sur le site du magazine L’actualité, nous pouvons d’ailleurs lire quelques paragraphes fort instructifs sur les DTQ. Je cite :
« [En Angleterre des] chercheurs travaillent à l’instauration d’une carte personnelle de crédit d’émission de CO2. Le débat est lancé dans la classe politique… Imaginez : vous faites le plein d’essence un matin en route vers le travail, mais au moment de régler, votre carte vous informe que [vos crédits d’émission de CO2 sont épuisés]. Un coup de fil à votre banque et vous achetez de quoi finir le mois sur le marché des [crédits] invendus. Puis vous repartez tranquille. Ce rêve, c’est celui de quelques chercheurs anglais. Il se nomme DTQ -- pour domestic tradable quotas, littéralement : quotas domestiques négociables. [L’idée est] d’instaurer un portefeuille national de [crédits d’émission de CO2] répartis également entre tous les Anglais. Selon ce plan, ceux-ci utiliseraient une carte de débit pour faire le plein, payer leurs factures d’électricité, leurs billets d’avion… Libre à eux par la suite de revendre les [crédits] qu’ils n’auront pas consommés, ou d’en acheter s’ils en manquent

» [...] ‘ On peut imaginer un quota de 1,25 tonne de carbone par personne par mois, soit l’équivalent de 2 000 litres d’essence ’, avance Richard Starkey, chercheur et coauteur d’un rapport sur les DTQ pour le Tyndall Centre. [...] Dans les rangs politiques, l’idée progresse peu à peu, portée par le député Colin Challen, auteur d’un projet de loi sur le sujet. Mais le chemin de l’acceptation politique reste encore long. [...] Richard Starkey regrette ces hésitations. ‘ Ce ne serait pas très compliqué à mettre en œuvre, dit-il. Il suffirait d’utiliser la technologie déjà en place pour les cartes bancaires. Avec l’appui de la classe politique, le système DTQ pourrait voir le jour d’ici 10 ans ’ ». (3)
Un article du Devoir va dans le même sens :
« [L’idée de] rationnement [à l’échelle individuelle] a aussi été abordée, même si [elle] risquait d'être fortement contestée dans le monde politique. ‘ La consommation d'énergie pourrait être quantifiée par individu et par ménage en distribuant des quotas. Évidemment, le but ne serait pas que tout le monde ait froid et demeure immobile, mais que l'idée de choix, de compromis, s'installe dans la tête des gens. Une famille ne pourrait plus, par exemple, avoir deux résidences chauffées et deux voitures pratiquement toujours sur la route ’, explique M. Lee-Gosselin. Ces idées vont beaucoup plus loin que la simple sensibilisation. ‘ Si les quotas d'énergie pour se déplacer et se chauffer coûtaient très cher, nous verrions vraiment un changement de comportement de la population. Les gens feraient très attention pour ne pas gaspiller de l'énergie et évidemment, n'hésiteraient pas à investir, par exemple, dans l'isolation de leurs maisons. Et les gens se mettraient aussi à comparer l'énergie qu'ils dépensent pour se chauffer, s'éclairer et utiliser leur voiture et essaieraient de voir, par exemple, à quel point ils peuvent se chauffer et s'éclairer avec l'énergie qu'ils économiseraient en laissant leur voiture dans leur garage. Ce serait toute une nouvelle façon de penser que nous développerions ’, poursuit le professeur de l'université Laval. » (4)
Une toute nouvelle façon de penser, en effet...
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(1) « Le règlement sur le ralenti inutile, adopté l'an dernier, s'est avéré inopérant parce que, défini comme une ‘ nuisance ’, les policiers devaient remettre les contraventions en mains propres. Le 3 février dernier, a précisé Natacha Beauchesne, de la Ville de Montréal, aucune contravention n'avait encore été enregistrée à la Cour municipale de Montréal. ‘ Mais les choses vont changer rapidement, a promis Allan de Sousa, parce que 15 des 18 arrondissements de Montréal ont réinscrit l'ancien règlement dans celui sur la circulation, ce qui permettra aux policiers, aux agents de stationnement et aux inspecteurs de sécurité de la Ville de distribuer des contraventions à tous ceux qui dépassent les trois minutes légales sans être dans leur voiture. Les premières contraventions ont commencé à être épinglées dans les pare-brise, la Ville passant à la coercition après les campagnes de sensibilisation. ’ Le règlement prévoit une première amende de 50 $ pour les personnes physiques et de 100 $ pour les personnes morales, des montants qui doubleront en cas de récidive. Allan de Sousa n'exclut pas non plus de modifier ultérieurement le règlement actuel, soit pour raccourcir les trois minutes de ralenti légal, soit, tout simplement, pour interdire le ralenti des véhicules s'il n'y a personne à l'intérieur. Il attend de voir comment évolueront le comportement des automobilistes, l'opinion publique et les politiques de Québec. »
Francoeur, Louis-Gilles. « Montréal vaincra-t-il le ralenti inutile ? ». Le Devoir [En ligne]. (Jeudi, 15 février 2007) (Page consultée le 19 février 2007)
(2) C'est d'ailleurs ce qu'affirme le chef du Parti vert, Scott McKay : « Le risque est à nos portes, dit-il. Les perturbations économiques, géopolitiques, sociales, pourraient être graves si rien n'est fait aujourd'hui. Et devant l'ampleur des perturbations, nos gouvernements pourraient devoir commettre des gestes autoritaires, avec tous les risques de dérapage que cela suppose. »
Deglise, Fabien. « Vert pâle plutôt que foncé ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi, 16 mars 2007) (Page consultée le 17 mars 2007)
(3) Le Loët, Karine. « Londres sort de la brume ». L'actualité [En ligne]. (Samedi, 1er juillet 2006) (Page consultée le 20 février 2007)
(4) Letarte, Martine. « Vers un rationnement ? ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi 23 et du dimanche 24 décembre2006) (Page consultée le 20 février 2007)

lundi, février 19, 2007

Réchauffement climatique : aussi une responsabilité individuelle

Premier de deux textes

Un ami m’envoie un courriel. Quelques lignes. Juste pour me dire qu’il revient d’une semaine au Mexique : hôtel quatre étoiles, plage, soleil, farniente... et qu’il a bien aimé.

Vous dire mon abattement.

Il y était déjà allé il y a, quoi... trois ans. Même hôtel, même soleil... Ce n'était apparemment pas assez. En est-il seulement revenu plus heureux ?

Depuis le temps que je lui envoie des articles sur le réchauffement climatique, sur l’urgence – réitérée de toute part – de réduire collectivement nos émissions de CO2. Collectivement, et aussi individuellement. IN-DI-VI-DUEL-LE-MENT. Stie.

C’est un tabou dans notre société. Ce droit que s’octroie l’honnête citoyen de polluer inconsidérément, sous prétexte qu’il mérite bien des vacances et dans la mesure où il a les moyens de se les offrir. Les moyens. Voilà ce qui qui m’indigne plus que tout. Le fric. Ce principe qui veut que, si vous avez le fric, vous avez aussi le droit. Droit d’acheter un gros VUS, d’y attacher une remorque chargée d’une motoneige, d’une motomarine, d’un hors-bord... Droit d’acheter une maison inutilement grande, véritable gouffre d’énergie. Droit de voyager où et quand il vous plaît. Droit à tous les égoïsmes, grands et petits, peut-être les pires ceux-là, les petits, ceux de tous les jours, auxquels vous ne pensez pas, melés qu’ils sont aux gestes quotidiens, au confort banal, tellement machinaux.

Tiens, les démarreur à distance. Vous appuyez sur le bouton, le moteur se met en marche, l’habitacle se réchauffe l’hiver ou se rafraîchit l’été. Cinq à dix minutes plus tard, il n’y a qu’à vous installer au volant dans un confort douillet...

Il est où le problème ?

Il est dans ce fait troublant, révélé dans un récent article de Louis-Gilles Francoeur : l’habitude de laisser ainsi tourner le moteur au ralenti « pourrait presque doubler la contribution d'une voiture au réchauffement du climat ». (1) Au point que la ville de Montréal a passé un règlement – en vigueur dans quelques mois – interdisant l’usage abusif de ces appareils.

En cas d’infraction, l’amende sera de 50 dollars. J’ai bien hâte de la voir sa tête, à l’honnête citoyen, quand l’agent va lui remettre le billet, quand il comprendra que le droit de polluer discrètement, en douce, coûte soudainement pas mal cher, sans compter le pincement de se sentir un peu hors la loi.
Il est trop facile, et quelque peu lâche, de critiquer Bush, l’Alberta, Harper, pour leur refus d’attaquer de front le problème du réchauffement climatique – ah oui, en passant, 2005 a été l’année la plus chaude selon la NASA et 2007 s’annonce encore plus chaud – si, individuellement, nous répondons à cette bassesse criminelle par un refus égal de repenser nos comportements au quotidien, en particulier nos comportements de consommation.

Si les gouvernements adoptent des mesures coercitives visant les grandes industries émettrices de gaz à effet de serre, vous pouvez être assurés qu’ils ne vont passe se gêner pour nous viser de même.
Ce à quoi nous assistons présentement n’est qu’un début. QU’UN DÉBUT.
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(1) Francoeur, Louis-Gilles. « Montréal vaincra-t-il le ralenti inutile ? ». Le Devoir [En ligne]. (Jeudi, 15 février 2007) (Page consultée le 19 février 2007).
Cet article explique que les convertisseurs catalytiques qui équipent les voitures ne fonctionnent qu’à des températures élevées, entre 475 et 600 °F. Or, ces températures ne peuvent pas être atteintes lorsque le moteur tourne au ralenti. Résultat : ne pouvant fonctionner, les convertisseurs émettent à froid du protoxyde d'azote, un des six gaz à effet de serre réglementés par le protocole de Kyoto parce que chaque molécule de ce gaz contribue au réchauffement du climat comme le font 320 molécules de gaz carbonique. Une minute au ralenti, à bas régime, équivaut à 320 minutes à haut régime ! C’est donc dire que lorsque vous laissez tourner le moteur cinq minutes, le temps que l’habitacle de la voiture se réchauffe, vous émettez autant de gaz à effet de serre que si vous rouliez 1600 minutes ou, si vous préférez, 26 heures et 40 minutes !! L’article de Francoeur a aussi le mérite de déraciner un mythe tenace : « Roxanne Héroux, du CAA Québec, a affirmé la même chose que tous les écologistes et les spécialistes en chimie ou en mécanique ont affirmée au Devoir : un moteur n'a pas besoin de plus de 20 à 30 secondes de réchauffement au ralenti -- le temps nécessaire au réchauffement des bougies et des valves -- pour entrer dans la circulation. En réchauffement hivernal, une voiture s'use autant qu'en 800 kilomètres sur la route, a ajouté Mme Héroux : les automobilistes ont intérêt à utiliser immédiatement leur voiture pour permettre au moteur d'atteindre son niveau de performance environnementale et mécanique en deux ou trois minutes. Tout prolongement indu multiplie d'autant le degré d'usure, a-t-elle conclu. »

lundi, janvier 22, 2007

Individualité infantilisée

La plus récente enquête de Statistique Canada sur le niveau d'alphabétisation des Canadiens laisse sans voix : elle révèle que 48 % de la population de 16 à 65 ans a un niveau de littératie inférieur au seuil dit souhaitable, ne serait-ce que pour fonctionner dans la société. Au Québec, toujours selon l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et la compétence des adultes (IECA, 2003), ce pourcentage est de 49 %. (1)

Je n'ai pas d'explication à cette statistique alarmante. Néanmoins quelques évidences s'imposent. La première, c'est que l'école échoue à inculquer une connaissance adéquate du français. La raison de cet échec -- deuxième évidence -- c'est que nous vivons dans une culture qui ne valorise pas l'écrit mais qui paradoxalement apparaît de plus en plus centrée sur l'expression de l'indivualité, non pas, il est vrai, l'expression réfléchie, argumentée et cohérente mais plutôt la spontanée, celle qui jaillit d'une subjectivité triomphante, placée au-dessus de tout, seule critère qui nous autorise désormais à juger de la valeur d'un texte. Il suffit de parcourir Blogue.ca pour s'en convaincre : la qualité du français y est généralement lamentable. Je ne parle pas ici de style... Mon Dieu non ! Je parle du simple fait de placer des mots les uns à la suite des autres tout en respectant leur orthographe et leur sens et en montrant un souci minimal de la syntaxe et de la grammaire.

Bien sûr, cela demande un certain effort. Et c'est là ma troisième et dernière évidence : nous vivons dans une société qui ne valorise plus l'effort, lequel a été dissous dans une indivualité infantilisée qui ne s'incarne plus que dans l'acte de consommation.

Quand nous écrivons sur notre blogue, nous n'exprimons pas un point de vue, avec ce que cela implique de responsabilité et d'effort, non, nous consommons un acte de liberté et d'expression. Le résultat de cet acte, le texte, comme nous pouvons le constater, n'a pas d'importance. Seul l'acte en a.

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(1) Chouinard, Marie-Andrée. « Vers une désertion des classes d'alphabétisation ? ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi le 13 et dimanche le 14 janvier 2007) (Page consultée le 21 janvier 2007)

Lire aussi :

-- « L'indélicatesse de l'ego ». 2 septembre 2006.

-- « Se distraire ». 15 juin 2006.

-- « ' Ont écries pédophile ' ». 8 juin 2006

-- « Écriture et émotions ». 5 mai 2006.

-- « Nos ego en quête de reconnaissance ». 4 mai 2006

-- « L'ego ne sait pas aimer ». 19 Avril 2006

-- « Pourquoi écrire si l'on n'aime pas écrire ? ». 7 avril 2006