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dimanche, décembre 11, 2011

« Nos » sapins de Noël

Je reproduis ci-dessous ma réponse à un texte que ma cousine Nicole a lu sur Facebook, et avec lequel elle s’est trouvée en accord à un point tel qu’elle s’est empressée de l’envoyer à tous ses contacts. Vous trouverez le texte en question à la fin de ma réponse. Un bijou d’humanité incroyablement ancré dans la réalité.

Chère Nicole,

Puisque tu as eu l'amabilité de m'envoyer ce courriel rempli d'amour, permets-moi de te répondre.

Il est évident que la personne qui a mis ce texte sur Facebook était animée par de profondes valeurs chrétiennes. Tout en la lisant, je pensais au commandement : aime ton prochain comme toi-même. Ce n'est pas toujours facile d'aimer son prochain, surtout s'il est différent de nous, mais, en cette période des Fêtes, c'est un bonheur de constater qu'il y a des gens qui ont le cœur et l'intelligence d'aller au-delà des préjugés. C'est ça la magie de Noël !

J'aimerais attirer ton attention sur un passage de son texte particulièrement émouvant, quand elle dit :

« On vous donne tout ce dont vous avez besoin pour vous aider à vous intégrer ici même dans NOTRE PAYS. On vous donne un toit, de la nourriture, de l'argent, on vous inscrit à l'école pour apprendre la langue, on vous aide à acquérir de meilleures connaissances de NOTRE PAYS, vos études sont payées, afin de faciliter votre intégration sur le marché du travail. Mais à vous entendre... ce n'est pas encore ASSEZ ! »

Cette femme est tellement généreuse, tellement remplie d'amour qu'elle a donné sa job à un immigré. Et comme si ce n'était pas assez, elle l'a logé et nourri gratuitement, en plus de lui payer des études. Incroyable ! Et ce n'est pas tout. As-tu remarqué, elle dit : « On vous donne »... J'en déduis que, dans son village, probablement tout le monde fait la même chose. Wow ! On est loin de Hérouxville !

On est loin de Montréal aussi. Ici, à Montréal, où j'habite depuis 30 ans, je peux te dire que les immigrants, et il y en a beaucoup, on ne leur donne strictement rien. Pour payer leur loyer, nourrir leurs enfants, pour aider leurs frères, sœurs, parents, tantes et oncles restés au pays natal, ils doivent travailler comme des bêtes, pour des salaires souvent inférieurs au salaires des Montréalais, car les jobs bien rémunérées, les Montréalais essaient de les garder pour eux autant que possible. Je suis bien placé pour le savoir : toutes mes préposées viennent de pays étrangers ; les Canadiens français ne veulent pas d’une job aussi exigeante, payée seulement 13 $ de l’heure. Ça, c'est la réalité montréalaise ; en région, heureusement, c'est apparemment différent.

Pour comprendre la vie d'un immigrant, nous les Séguin, nous n'avons qu'à penser à la sœur de grand-maman Maria, qui, de New York, envoyait à sa famille à la Minerve des vêtements ayant des défauts de confection, invendables. L'histoire veut même que, des fois, c'est elle qui les rendait invendables ! Durant la seconde moitié du XIXe siècle, environ 800 000 Canadiens français ont quitté la misère des campagnes québécoises où ils ne voyaient aucun avenir, pour aller travailler dans les usines de textiles du nord-est des États-Unis. Ils n’ont pas eu la vie facile là-bas, ils ont été brimés, méprisés. Aujourd’hui, plus aucun descendant de ces immigrants ne parle le français ; ils ont tous été assimilés. Même scénario en Louisiane.

Tout immigrant a une double vie, une double responsabilité : ici et là-bas, au pays natal. Quand le téléphone sonne, et que c'est un appel « du pays », l'immigrant sait que ça va lui coûter cher : tel parent est tombé malade, il faut payer pour le faire soigner, ou bien c'est qu'il n'y a rien à manger, ou encore qu'il manque d'argent pour les études.

Parlant d'études, ce qu'il y a de frustrant pour les immigrants, c'est qu'ils sont en moyenne plus scolarisés que les Montréalais et qu'ils se retrouvent quand même avec les jobs les moins payantes. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Statistique Canada. Et la raison est très simple : le Québec choisit, parmi les personnes qui veulent s'établir ici, celles qui ont une meilleure capacité à s'intégrer, c'est-à-dire celles qui parlent français et qui ont un diplôme. Mais apparemment, ça n'est pas suffisant. Malgré leur besoin urgent de travailler et leurs compétences, le taux de chômage chez les immigrants est de 12,5 %. Au sein de la communauté venant du Maghreb, c'est pire encore : le taux de chômage monte à 25 % ! Pourtant les Maghrébins parlent très bien français et sont reconnus pour être très scolarisés. Hélas ! ils sont musulmans, et là est le problème.

Dans le texte que tu nous a envoyé, la personne est très en colère parce que des Musulmans veulent l'empêcher de célébrer la Noël. Il faut la comprendre : elle et les gens de son village accueillent, avec beaucoup de générosité, ces Maghrébins dont personne ne veut, et en retour ces immigrants vraiment ingrats s'attaquent à leurs sapins de Noël !

La seule explication que je peux voir à cette malheureuse histoire, c'est que les gens de ce village sont tombés sur une bien mauvaise batch d'immigrants.

Je ne pensais pas qu'une telle chose pouvait arriver. Car j'ai connu pas mal de Musulmans à l'époque où j'étudiais à l'UQAM, et aucun d'eux n'avait de problème avec la Noël. Au contraire, ils aiment l'espèce de fébrilité qui s'empare de Montréal durant les Fêtes, et ils aiment beaucoup toutes ces lumières partout. Et ils fêtent eux aussi Noël, à leur façon. Ce sentiment est également partagé par ma préposée guinéenne, musulmane elle aussi.

Les gens de ce malheureux village ont été extraordinairement malchanceux. Ils sont tombés sur les seuls Musulmans anti-Noël du Québec !

En terminant, j'aimerais quand même soulever un point qui demande à être éclairci. Le texte dit : « Vous quittez vos pays parce que la guerre, la haine, la mort y règnent ». D’abord, la haine n’épargne personne, elle est partout, en Afrique aussi bien que dans un trou xénophobe comme Hérouxville. Ensuite, lorsque des gens fuient leur pays parce que leur vie est en danger, alors ils sont considérés comme des réfugiés. Si leur statut de réfugiés est confirmé par l'État, après quelques années, alors ils peuvent obtenir leur résidence permanente, puis leur citoyenneté, et alors ils entrent dans la catégorie des immigrants. Les réfugiés sont peu nombreux et représentent un cas particulier. La très grande majorité des personnes qui veulent s'établir au Québec ont d'autres raisons, notamment économiques, comme les Canadiens français autrefois.

C'est dommage, Nicole, que tu n'aies pas le nom de cette personne qui a mis ce texte sur sa page Facebook. J'aurais aimé lui répondre, la remercier de ce beau témoignage qui va si bien avec l'esprit des Fêtes.

Je t'envoie mes vœux de Noël dans quelques jours.

Profite bien de ton sapin !

Bisous.

Luc

*

Je suis athée et je ne fais pas chier le peuple avec ça... ce n'est pas parce que je ne crois pas en Dieu que je dois mettre de côté les traditions et les valeurs qu'on m'a apprises. La fête de Noël n'est pas une RELIGION... mais un ÉVÉNEMENT !

Noël existe depuis que le monde est monde... et n'est-ce pas en Israël que le tout a commencé ?

Vous quittez vos pays parce que la guerre, la haine, la mort y règnent. Vous venez vous établir ici dans NOTRE PAYS, pour pouvoir fuir tout ça et vivre heureux, en santé et à l'abri de tout ça.

On vous donne tout ce dont vous avez besoin pour vous aider à vous intégrer ici même dans NOTRE PAYS. On vous donne un toit, de la nourriture, de l'argent, on vous inscrit à l'école pour apprendre la langue, on vous aide à acquérir de meilleures connaissances de NOTRE PAYS, vos études sont payées, afin de faciliter votre intégration sur le marché du travail. Mais à vous entendre... ce n'est pas encore ASSEZ !

Moi c'est à vous que je dis C'EST ASSEZ... assez de vouloir changer nos traditions et nos coutumes, assez de brimer nos droits et libertés parce que c'est contraire à votre religion, assez de nous traiter de racistes parce qu'on aime pas votre façon de faire.

Pourquoi venez-vous dans notre pays si c'est pour tenter de le changer à l'image du pays que vous avez fuit ?

C'est nous qui vous offrons l'hospitalité, alors à vous de vous conformer à nos traditions et nos coutumes. Lorsqu'un étranger s'établit dans votre pays, il doit se convertir à vos traditions, à vos coutumes et celui qui ne les respecte pas... peut être passible de mort... dans certains pays. Et nous QUÉBÉCOIS devrions vous laissez [sic] tout changer sans rien dire ?... ASSEZ C'EST ASSEZ !

Retournez dans votre pays si nos traditions et nos coutumes vous déplaisent tant que ça... vous me faites chier à vouloir tout changer... ça suffit osti... RESPECTEZ NOS VALEURS !

Vos femmes peuvent aller vôter [sic] en portant le voile, vous porter [sic] vos armes sur vous, on vous a donné des espaces pour prier... MAINTENANT CALICEZ NOUS LA PAIX AVEC NOËL...

Si on veut mettre un sapin de Noël on va en mettre un, si on veut décorer la ville entière pour Noël, on va le faire. Si on a envie de crier NOËL partout on va le crier, si nos enfants on envie de parler de Noël à l'école, ils vont le faire...

RESPECTEZ NOUS SI VOUS VOULEZ QU'ON CONTINU [sic] À VOUS RESPECTER...

Qui sont les plus racistes d'après-vous ?... VOUS... musulmans, juifs et les autres... car vous voulez changer notre image !... Un raciste est une personne qui n'aime pas les gens d'une autre nationalité... n'est-ce pas une forme de racisme ce que vous faites ?

Réfléchissez dont [sic] avant de vouloir brimer NOTRE PAYS !