Rechercher dans ma chambre

vendredi, septembre 17, 2010

La vermine

Juste avant que j’attrape ce foutu rhume carabiné… On dit : attraper, mais c’est plutôt le rhume qui nous attrape. C’est vivant cette vermine ! Tellement vivant que j’ai cru que j’allais en crever. Mais ce n’était qu’une fausse alerte. Me voilà de retour, au lit certes, mais tout de même capable de lire les journaux sur l’Internet.

Juste avant que j’attrape le rhume, disais-je, il était beaucoup question des panneaux de signalisation routière que le gouvernement Charest veut remplacer au plus vite à la grandeur du Québec. Il y en a 400 000 ; une bagatelle de 700 millions. Et pourquoi tant de hâte ? Pour « accommoder une population vieillissante » (1) qui pourraient avoir de la difficulté à lire les panneaux actuels. Réjouissons-nous d’avoir un gouvernement si accommodant. Comme par hasard, le service chargé de la fabrication de ces panneaux vient d’être cédé au secteur privé. (2)

De retour de l’hôpital, qu’est-ce que je lis ? Les gaz de schiste par-ci, les gaz de schiste par-là, des hommes d’affaires qui se frottent les mains, André Caillé qui nous prend pour des valises (3) et un gouvernement libéral qui, une fois de plus, couche avec l’industrie. Et la plus pute de toutes, la ministre des Ressources naturelles, qui nous dit que si nous voulons conserver nos garderies à sept dollars, eh ben il faut faire des « choix judicieux » : ce sera les gaz de schiste. (4) Car il faut voir plus loin que le bout de son nez, il faut penser à l’avenir, notre système de santé, nos services sociaux, ce dont nous sommes, nous petites gens, manifestement incapables.

Si bien lancée, Normandeau ne s’est pas arrêtée là. Les gaz de schiste, c’est comme la belle époque de René Lévesque et du développement de l’hydroélectricité, dit-elle. Remarquez, elle n’est pas aller jusqu’à évoquer la nationalisation de cette ressource. Trop dangereux. Explosif. Les gaz de schiste doivent d’abord profiter au secteur privé, quelques entreprises québécoises qui prospectent le sous-sol québécois depuis une dizaine d’années, et des multinationales d’Alberta et d’ailleurs qui éventuellement vont les avaler. Nos ressources gazières sont essentiellement destinées à l’exportation. Le marché de l’énergie n’a pas de frontières, le pétrole et le gaz se vendent sur les places boursières, l’acheteur peut être chinois ou brésilien. La ministre Normandeau sait très bien cela, mais le mot d’ordre du gouvernement et de l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), c’est de nous bullshiter jusqu’au « consensus ».

Ce qui me tue, c’est l’effronterie de la manœuvre, le mépris qui lui est sous-jacent. Les ficelles sont si grosses, pour ne pas dire grossières : du personnel politique au plus haut échelon passe d’urgence au service du lobby gazier, (5) des firmes de relations publiques sont enrôlées, quatre « consultations » publiques sont lancées de front alors que le BAPE -- le seul organisme consultatif à pouvoir mener un tel débat au nom de l’intérêt de tous les Québécois – de son côté a reçu un mandat biaisé, limité à quatre mois alors qu’il lui faudrait plusieurs années. (6)

Cette fin de semaine, c’est justement la fin de semaine Nettoyons la Terre. Une bonne occasion de nous débarrasser de nos déchets politiques et de cette vermine affairiste et cupide qui menace la santé démocratique du Québec.

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 (1) Fabien Deglise. « Panneaux neufs : une manne de 700 millions pour le privé ». Le Devoir, 4 août 2010. (Page consultée le 15 septembre 2010)

(2) Fabien Deglise. « Transports Québec - Tomber dans le panneau du vieillissement ». Le Devoir, 5 août 2010. (Page consultée le 15 septembre 2010)

(3) Pierre Foglia. « Les valises ». cyberpresse.ca, 2 septembre 2010.

(4) Alexandre Shields. « Gaz de schiste : Normandeau fait vibrer des cordes sensibles ». Le Devoir, 15 septembre 2010. (Page consultée le 15 septembre 2010)

(5) Antoine Robitaille. « Un gouvernement en crise - Les schistes, une filière libérale ? ». Le Devoir, 3 septembre 2010. (Page consultée le 15 septembre 2010)

(6) Louis-Gilles Francoeur. « Deux experts se prononcent - Le BAPE : un mandat atrophié ». Le Devoir, 4 septembre 2010. (Page consultée le 15 septembre 2010)