Rechercher dans ma chambre

jeudi, février 21, 2008

Il y a conscience et conscience

Un article du Devoir fait état d’observations démontrant que certains animaux sont capable de pensée réflexive, ce qui témoignerait d’un certain niveau de conscience : « Des expériences contrôlées ont démontré, par exemple, comment des geais cachent leurs graines différemment s’ils se sentent épiés par d’autres compères. Se sachant voleurs, ils savent que les autres le sont aussi et, par réflexion sur leur propre comportement, ils vont circonscrire ce comportement qu’ils savent culturel ! » (1) [C’est moi qui souligne]

Ce qu’il y de fascinant dans l’exemple ci-dessus, c’est que le scientifique, ayant observé le comportement de l’oiseau, va lui prêter une pensée qu’il est pourtant le seul à pouvoir formuler ! Pas banal ! Se peut-il que cet homme brillant fasse abstraction du fait qu’une pensée qui n’a pas de langage pour s’exprimer n’est pas une pensée ? Le geai ne peut pas se savoir voleur. Il peut l’être à nos yeux, point. J’insiste : l’être. Et à nos yeux seulement. Parce que nous seuls avons le concept (« voleur ») pour construire cette réalité et l’exprimer.

C’est une chose de reconnaître aux animaux une forme d’intelligence, peu importe le sens que l’on donne à ce mot, mais c’en est une autre d’attribuer à certaines espèces une « culture », voire même une « conscience » comme le rapporte l’article. Les animaux communiquent entre eux au moyen de langages, lesquels, pour être variés et d’une complexité inégale, ont tous en commun de ne pas permettre la pensée conceptuelle abstraite. Le plus évolué des animaux, si on exclut l’homo sapiens, ne sait pas ce qu’est un « animal », il ne peut pas penser le concept d’« animal ». Le chimpanzé n’a pas de mot pour se désigner, se caractériser par rapport aux autres primates et animaux. Il ne sait pas ce qu’il est. Pas plus que le geai ne sait qu’il est voleur.

De même, le chimpanzé, que l’on dit si près de l’Homme, ne peut pas éprouver les sentiments comme nous. Chez l’Homme, tout sentiment est double. Ce que nous appelons, par exemple, « joie » est, indissociablement, conscience de cette joie. Notre tristesse est aussi conscience de cette tristesse. C’est cette conscience, qui vient en quelque sorte doubler tous nos sentiments, qui fait que ceux-ci n’ont pas d’équivalent dans tout le règne animal.

Ainsi, quand on dit que notre chien est « content » parce qu’il remue la queue, on péche par abus de langage, par anthropomorphisme. Un chien ne peut pas être « content » ou « joyeux ». Le chien peut seulement vivre un état entier que nous, humains, du fait de notre conscience structurée par le langage conceptuel, nous associons à un sentiment de « joie ».

Cet anthropomorphisme envahissant, c’est le grand malentendu entre l’Homme et le reste du règne animal. C’est notre bêtise de tous les jours. Bêtise qui m’énaaaarve ! Surtout lorsqu’elle s’ignore. Je n’en peux plus de voir ces vieilles matantes parler à leur petit chien comme si c’était un enfant, convaincues qu’elles sont que l’animal comprend ce qu’elles lui disent. Il y a dans cette attitude si répendue -- il n'y a pas que les vieilles matantes -- l’apparence d’un malaise social qui me désole et, parfois, m’inquiète.

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(1) Francoeur, Louis Gilles. « Y a-t-il des «cultures»animales ? ». Le Devoir [En ligne]. (Jeudi, 21février 2008) (Page consultée le 21 février2008)

dimanche, février 17, 2008

Carrières brisées

22 janvier, 16 h 45. Catia, ma préposée du mardi, arrive du travail. Fatiguée. Avant d’attaquer ici le quart du soir, elle s’affale sur la causeuse du salon, allume la télé. Ouf ! Moment de repos bien mérité.

Sur LCN, les nouvelles banales se succèdent comme à l’accoutumée, jusqu’à ce que retentisse LA nouvelle. Catia, du coup arrachée à sa torpeur, n’en revient pas : le décès de Heath Ledger !

Qui ? que je lui demande.

Heath Ledger.

Elle m’explique : un artiste brillant, il a joué dans Brokeback Mountain, jeune, doué, etc.

Ah.

C’est alors que je remarque, défilant simultanément au bas de l’écran, ce sous-titre absolument muet et dramatique : « Les conflits armés, la maladie et la malnutrition tuent chaque mois 45 000 personnes en République démocratique du Congo ». (1)

Combien de carrières brisées comme celle de ce Ledger ?

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(1) AFP. « En bref - RDC : 45 000 personnes meurent chaque mois ». Le Devoir [En ligne]. (Mercredi, 23janvier 2008) (Page consultée le 29 janvier 2008)

« Il faut que le bébé tète tout le temps »

En lisant Foglia tout à l’heure, suis tombé sur ceci :

« Le système qui régit le monde, y compris la Chine soi-disant communiste, est une machine à créer des besoins et à les satisfaire. Pour que ça marche il faut que le bébé tète tout le temps, il faut que le bébé soit insatiable, il faut qu’il trépigne, j’en veux, j’en veux. Il faut qu’il ait toujours envie de. Je ne comprends pas pourquoi on a appelé ce système le libéralisme, il n’y a rien de libéral là-dedans.On aurait dû appeler cela l’assouvissement. C’est ce que c’est, de l’assouvissement. Un truc que je ne comprends pas du système. Plusieurs en fait, mais celui-là surtout. » (1)

Foglia emploi le mot « bébé » pour dire l'infantilisation.

Qu'a dit Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 ? Aller dans les centres d'achats, aller acheter, dépenser.

C'est ce que veut le pouvoir de nous. Pour être bien sûr que nous n'allons pas économiser notre argent, travailler moins et utiliser nos temps libres à réfléchir à des questions embarrassantes pour lui, le pouvoir a inventé un système auquel il a donné un nom évocateur : libéralisme. Le libéralisme n'a pas pour but de faire de nous des citoyens libres et raisonnables, comme il serait tentant de le croire. Il a pour but au contraire de nous maintenir dans un état permanent d'aliénation, d'infantilisation. Et pour atteindre ce but, c’est mon propos d’aujourd’hui, un seul instrument, mais ô combien efficace : le kitsch.

Exemple. Le Devoir nous apprend en fin de semaine que la puissance des voitures vendues au Québec a augmenté de 55 % au cours des dix dernières années. Dans un contexte d'alarme climatique planétaire, il peut sembler étonnant de constater « que les gains réalisés par l'industrie automobile sur le plan technologique n'ont pas servi àdiminuer la consommation des véhicules et leurs émissions de gaz à effet de serre ». (2) Un citoyen raisonnable et socialement responsable n'utiliserait jamais une de ces voitures surpuissantes, polluantes et... plus dispendieuses. D’où la nécessité de la pub, dont la fonction première est, en utilisant ici le kitsch de la puissance, de susciter des comportements d'achat irresponsables. Le kitsch de la puissance est, pour les hommes en particulier, irrésistible. Il se compose d'un ensemble d'images facilement reconnaissables, appelés clichés. Parmi ces clichés : l'homme au volant de sa voiture fougueuse au moteur de 300, de 400 chevaux nerveux, prenant les virages à toute allure, maîtrisant sa monture mécanique, dominant la route. Ce cliché, dont les variantes sont innombrables, s'appuie sur un stéréotype : l'homme viril, c'est-à-dire l'homme, point. L'imagerie kitsch s'est emparé de ce stéréotype, l'a récupéré au profit des détenteurs pouvoir, en l’occurrence ici l’élite industrielle.

J'y reviendrai.

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(1) Foglia, Pierre. « L’assouvissement ». Cyberpresse.ca [En ligne] (Samedi, 19 janvier 2008) (Page consultée le 20 janvier 2008)

(2) Francoeur, Louis-Gilles. « Toujours plus grosses, toujours plus puissantes ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi, 19 et dimanche, 20 janvier 2008) (Page consultée le 20 janvier 2008)

vendredi, février 15, 2008

Non, mais vous plaisentez, là ?!

Deuxième de deux textes.

Il y a donc ceux qui perçoivent l'écologie comme une idéologie radicale, laquelle, en osant parler de décroissance, fait passer la cause « verte » avant l'Homme et son droit légitime au bonheur. C'est la position défendue par Louis Cornellier et le trop connu Claude Allègre, position que j'ai critiquée dans mon dernier billet.

À l'opposé, il y a ceux, plus rares, comme Pierre Foglia, que je cite :

« Ce qui m’emmerde dans l’écologie, c’est son infantilisation. Les premiers cours de recyclage sont donnés dans les maternelles, mais ni à la maternelle, ni au secondaire, ni à l’université on n’en vient jamais à l’essentiel : l’expansion illimitée de la production. Y compris la production illimitée de produits écologiques.

» Toute l’activité de la société est tournée vers l’expansion illimitée. C’est le moteur du monde.

» Or c’est ce moteur, pas celui de votre Toyota qui est la première cause du réchauffement de la planète. Parler d’écologie sans parler de réduction de la consommation est une plaisanterie. » (1)

J'ai mis sur YouTube un extrait d'entrevue accordée par le professeur Rodolphe De Koninck sur les ondes de Télé-Québec. Cet extrait illustre parfaitement le propos de Foglia.

De Koninck pose d'abord le constat facile : notre empreinte écologique est trop marquée, nous tirons de la planète plus de ressources qu'elle ne peut en produire. La solution ? Aïe, aïe, aïe ! C'est là que le propos s'enlise, s'enfonce dans la banalité la plus lâche. L'animateur pose la question : oui, mais que faire « concrètement » pour réduire notre empreinte écologique ? Réponse du spécialiste : concrètement, euh... « on continue à analyser les aspects négatifs de notre façon d'occuper la terre et puis on l'enseigne ». (2) That's it. La solution viendra d'elle-même plus tard -- ouf ! -- au fur et à mesure que les nouvelles générations mieux éduquées remplaceront la nôtre. Pas un mot sur une nécessaire et courageuse réduction à court terme de la consommation. La remise en question de notre mode de vie, laissons-la en héritage à nos jeunes.

Ce refus larvé, ce déni, on le retrouve aussi dans ce commentaire d'un autre brillant universitaire, un nommé Christopher Green : « Dans son film, Al Gore avait raison de parler d'une vérité qui dérange. Le problème, c'est qu'il ne parle que d'une de ces vérités alors qu'il y en a deux. L'autre vérité, c'est que les technologies alternatives qui permettraient d'atteindre les objectifs qu'on se fixe en matière de changements climatiques n'existent pas encore et qu'il faudra peut-être 40 ou 50 ans pour les inventer. Et l'imposition d'une taxe astronomique sur le carbone n'y changera rien, dit le professeur de McGill. » Encore ici, pas un mot, pas la moindre ébauche d'une solution passant par la réduction de la consommation. Les technologies ? Oui, mais ce sera long. Alors, en attendant qu'est-ce qu'on fait ? Rien. On achète des voitures hybrides, des produits certifiés Energy Star, des ampoules fluocompactes, des produits équitables. Bref, on achète du temps, on fait semblant.

Parler d’écologie sans parler de réduction de la consommation est une plaisanterie.

Et c'est ce qu'on a envie de dire à tous ces intellectuels, professeurs, spécialistes à la con qui forment notre élite supposément éclairée : non, mais, vous plaisantez là, hein ?!

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(1) Foglia, Pierre. « On s’engueule encore un petit peu ? ». Cyberpresse.ca  [En ligne]. (Mardi, 11 décembre 2007) (Page consultée le 14 janvier 2008)

(2) L’extrait est accessible sur le site de YouTube, à l’adresse :

http://www.youtube.com/watch?v=Q2zuJH-q_Rc

(3) Desrosiers, Éric. « Climat : quand le marché s'en mêle » . Le Devoir [En ligne] (Samedi, 12 et dimanche, 13 janvier 2008) (Page consultée le 14 janvier 2008)

Sur la question du déni, lire aussi :

-- « Et si tout le monde était une Geneviève Jeanson ? ». 22 octobre 2007

Haro sur les écolos !

Premier de deux textes

Les écologistes n'ont décidément pas la cote par les temps qui courent. Du moins si j'en juge d'après deux textes publiés sur l'Internet, l'un sous la plume de Louis Cornellier, du Devoir, l'autre de Pierre Foglia.

Le plus décevant des deux est Cornellier. Son texte rend compte d'un essai portant sur la décroissance. Or, cette décroissance, pourtant inévitable sur une planète qui est un écosystème fermé, où les ressources ne sont pas infinies, notre chroniqueur l'a de toute évidence dans la gorge. Il y voit un refus de l'individualisme : « Les partisans de la décroissance, d'ailleurs, le reconnaissent ouvertement en insistant sur le fait que sortir radicalement du capitalisme, comme ils le proposent, signifie aussi en finir avec l'anthropocentrisme et l'individualisme modernes, deux attitudes qu'ils condamnent, alors que d'autres, dont je suis, les défendent parce qu'ils y trouvent ce qui fait, en partie, la noblesse de la pensée occidentale. » (1) Cornellier peut se rassurer. La décroissance, même brutale, ne tuera jamais la noblesse de cette pensée occidentale si précieuse, ni l'individualisme, puisqu'elle en sera le plus amère des fruits ; elle tuera seulement quelques centaines de millions d'hommes. Et plus nous la refuserons, plus meurtrière sera sa dévastation.

Mais qui sont ces partisans de la décroissance ? Les écologistes bien sûr. Présentés ici comme des radicaux, des intégristes de la cause verte, opposés à l'Homme et à son droit légitime au bonheur. Et pour donner un semblant de crédibilité à ce préjugé, à cette réduction grossière, Cornellier convoque l'ineffable Claude Allègre, toujours lui, qui fut grand jadis d'être aujourd'hui si petit, n’ayant rien de plus urgent à faire que de s'en prendre à cette « écologie qui prône la décroissance, la pénurie, qui parle de catastrophes imminentes, d'économie frugale, de méfiance vis-à-vis de la science... »

Ai-je bien lu ? De méfiance vis-à-vis de la science ? Mais c'est tout le contraire ! L'alarme, ou les alarmes environnementales, les innombrables alarmes, qui appellent chaque semaine à la mobilisation, nous éveillent à la fragilité de l'écosystème planétaire, sont la plupart du temps sonnées tout d'abord par des scientifiques comme ceux du GIEC, du PNUE, de la NASA, de l’Union of Concerned Scientists, etc. Les médias et les groupes écologistes se font au contraire l'écho assez fidèle de ces alarmes qu’ils ne créent pas. Il est aussi faux de prétendre qu’ils prônent la décroissance, comme on dit : prôner une idéologie. La décroissance n'est pas une idéologie, quoiqu’en disent Allègre et Cornellier. Elle est une réalité en devenir. Une réalité que les pêcheurs de morues connaissent déjà très bien, tout comme les travailleurs forestiers, à leur corps défendant.

Une réalité qui sera, dans quelques décennies – bientôt -- LA réalité.

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(1) Cornellier, Louis. « Essai québécois. La décroissance est-elle une option ? ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi 22 et dimanche 23 décembre 2007) (Page consultée le 10 janvier 2008)

« L'obstruction du camp américain atteint sa cible à Bali ». (1) C’est ainsi que Le Devoir titrait son dernier article sur la conférence de Bali, alors qu’à l’opposé le New York Times mettait toute l’emphase sur l’opposition opiniâtre rencontrée par la délégation étatsunienne, et finalement le recul de celle-ci, en titrant : « Late Reversal by U.S.Yields Climate Plan ». (2) Bill Clinton, lors de son passage à Montréal l’année dernière (ou était-ce celle d'avant ?...), disait que les Étatsuniens étaient mal informés. Difficile de lui donner tort. L’article du plus grand quotidien d’Amérique est construit comme une petite pièce dramatique où la tension entre le clan étatsunien – comprenant le Japon, la Russie et le Canada – et le clan formé par l’ONU, l’Europe et le reste du monde, va en croissant jusqu’au dénouement en forme de happy ending :

« Ms. Dobriansky [chef de la délégation étatsunienne] then spoke again.

» ‘ We came here to Bali because we want to go forward as part of a new framework ’, she said. ‘ We believe we have a shared vision and we want to move that forward. We want a success here in Bali. We will go forward and join consensus ’.

» The delegates erupted in lengthy applause, realizing that a deal was at hand. »

Cette pièce narcissique qui a pour but de manipuler l’émotion et l'opinion, n’offre évidemment aucune mise en perspective quantifiée, ne fait nulle mention, par exemple, des objectifs de réductions des émissions de GES fixés par le GIEC. Ces objectifs ont pourtant été au coeur des débats entre les deux clans, celui des États-Unis les rejetant évidemment.

Je recommande vivement la lecture et l’analyse comparée de ces deux articles.

Instructif

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(1) Francoeur, Louis-Gilles. « L’obstruction du camp américain atteint sa cible à Bali ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi, 15 et dimanche, 16 décembre 2007) (Page consultée le 15 décembre 2007)

(2) Fuller, Thomas and Andrew C. Revkin. « Late Reversal by U.S. Yields Climate Plan ». The New York Times [En ligne]. (Dimanche, 16 décembre 2007) (Page consultée le 15 décembre 2007)

Et si tout le monde était une Geneviève Jeanson ?

Je m’étais promis de ne plus parler d’environnement. Tout le monde en parle, tout le monde se dit préoccupé, mais personne, ou à peu près, n’est prêt à changer son train de vie, pourtant à la source de tous les problèmes. Personne ne cherche même à prendre la mesure de sa responsabilité individuelle au milieu de cette incroyable catastrophe planétaire qui nous emporte doucement. Plusieurs sondages, menés ici comme aux États-Unis, confirment cet état de fait. Ne manquaient que les données de Statistique Canada, publié justement la semaine dernière.

En lisant l’article, (1) j’ai pensé à Geneviève Jeanson, au fait que, pendant des années, elle a menti systématiquement à tous ses proches : parents, amis, commanditaires... Puis à ce commentaire de Foglia voulant que, dans la tête de tout athlète dopé, une sorte de clivage s’opère, un dédoublement de la personnalité : d’un côté, le dopé, de l’autre côté, l’être moral engagé dans la société, opposé au dopage... (2)

Et si tout le monde était une Geneviève Jeanson ? Se shootant non pas à l’EPO mais à cette drogue pernicieuse : la consommation. Et, pour ne pas se sentir tout à fait dégueulasse, pratiquant le même clivage grâce auquel il peut isoler ses comportements d’acheteur euphorique (3) dans une sphère d’où est exclue toute notion de responsabilité morale. D’un côté le consommateur, le dopé, et de l’autre côté l’être moral qui se dit bien sûr préoccupé par les problèmes environnementaux, qui n’a jamais de mots assez durs pour ces élus qui ne font rien, et qui – car il faut tout de même être cohérent – n’hésite plus à trier son recyclage...

Je reviens au sondages et aux statistiques. Les grandes entreprises canadiennes disent qu’à défaut d’un signal clair de la part d’Ottawa, il leur sera difficile de réduire de manière significative leurs émissions de GES. Réponse de Harper mardi dernier : le Canada se retire officiellement de Kyoto !

Pour sauver les apparences, une « stratégie » encore indéterminée, basée sur une diminution de l’« intensité » des émissions de GES. Or, Statistique Canada nous révélait quelques jours avant le discours du Trône que, justement, de 1990 à 2005, l’intensité des émissions avait diminuer de 17,8 %, ce qui n’avait nullement empêché les émissions de croître de 25 % !

En matière d’environnement plus qu’en tout autre matière, les apparences font foi de tout. Harper le sait mieux que quiconque. C’est pourquoi son gouvernement s’entête avec autant d'acharnement à défendre un plan vert pourtant indéfendable.

Mais, au cas où ce ne serait pas assez, il a aussi annoncé des baisses d’impôt sur le revenu, pour relancer sa cote et la... consommation.

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(1) Francoeur, Louis-Gilles. « Bilan de Statistique Canada - Un Canada vert en paroles seulement ». Le Devoir [En ligne] (Mardi, 16 octobre 2007) (Page consultée le 22 octobre 2007)

(2) Foglia, Pierre. « C’est pas de sa faute ». Cyberpresse.ca [En ligne] (Samedi, 22 septembre 2007) (Page consultée le 22 octobre 2007)

(3) Selon un sondage, les Québécois ont confiance en l’avenir, dont la durée ici correspond aux six prochains mois ! Et la raison de cette confiance ? Ils ont plus d’argent à dépenser ! Adieu Kyoto !

Deglise, Fabien. « Sondage sur le commerce de détail : les Québécois ont une folle envie de dépenser ». Le Devoir [En ligne] (Jeudi, 18 octobre 2007) (Page consultée le 22octobre 2007)

Lire aussi :

-- Porter, Isabelle. « Rapport du commissaire au développement durable - Le Québec n'est pas si vert, dit Mead ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi, 14 décembre 2007) (Page consultée le 18 décembre 2007)