Rechercher dans ma chambre

mercredi, octobre 27, 2010

Allons prier au moratoire Saint-Joseph

Guy Laliberté, du haut de sa sagesse milliardaire, a parlé : « Les gaz de schiste, ça nous préoccupe, surtout que la Fondation One Drop mise sur l'accès à l'eau potable. Il ne faut pas être sourd ou aveugle. Présentement, je suis persuadé que nous n'avons pas toute l'information nécessaire pour prendre une décision ». (1) Il ne réclame pas pour autant un « moratoire », mot politiquement très chargé ces temps-ci et qu’évitera un homme appartenant à l’élite détentrice du pouvoir.

N’empêche que son intervention publique est la bienvenue. L’exploitation des gaz de schiste demande de grandes quantités d’eau, sans parler du risque élevé de contamination des eaux de surface par les bassins de rétention peu sécuritaires. (2) Or, présentement le gouvernement n’a aucune idée de la quantité d’eau que contiennent les nappes phréatiques du Québec. (3) Pour connaître l’état de nos ressources aquifères, il faudrait que le ministère de l’Environnement en fasse l’inventaire exhaustif, ce qui n’est pas pour demain. À moins d’un miracle.

Allons tous prier au moratoire Saint-Joseph.

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(1) Ian Bussières. « Gaz de schiste : Guy Laliberté plonge dans le débat ». cyberpresse.ca, 27 octobre 2010 (page consultée le 27 octobre 2010)

(2) Voir le reportage de Jean-René Dufort (« Gaz de schiste – Infoman ») sur ces bassins de surface où s’accumulent les eaux contaminées par les produits toxiques utilisés pour fracturer le shale (et non le schiste).

(3) Louis-Gilles Francoeur. « Gaz de schiste - Les réserves d'eau seraient menacées ». Le Devoir, 15 octobre 2010 (page consultée le 27 octobre 2010)

mercredi, octobre 13, 2010

La ministre Normandeau à Tout le monde en parle

Lors de son passage à Tout le monde en parle, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a joué à fond la carte nationaliste, quelque chose comme : pourquoi on se donnerait pas la chance historique d'exploiter une ressource abondante qui nous profitera à nous, Québécois, comme on l'a fait avec l'hydroélectricité ?

La comparaison avec l'hydroélectricité est assez malvenue puisque cette ressource a été nationalisée dans les années 1960. Or, les gaz de shale vont demeurer la propriété des entreprises qui ont obtenu pour une bouchée de pain les droits d'exploitation. La ministre trompe les Québécois quand elle présente cette dépossession comme une appropriation de « notre » ressource.

Son argument pour justifier le coût dérisoire des droits est de la même eau : les entreprises québécoises sont jeunes et n'ont pas encore les moyens financiers de payer des droits élevés. Ah oui ? Les entreprises qui ont obtenu les droits sur les gaz de schiste ne sont pourtant pas toutes québécoises. Talisman Energy, par exemple, est une multinationale albertaine dont les revenus en 2009 ont dépassé les sept milliards de dollars.

Cette idée que la ministre voudrait bien nous enfoncer dans le crâne (pourquoi pas au moyen d'un forage, tiens !), cette idée que les Québécois doivent s'approprier leur ressource, fait l'impasse sur une réalité toute simple : le marché de l'énergie est déréglementé et mondialisé ; les entreprises qui détiennent les droits sur les ressources du sous-sol québécois peuvent en disposer à leur guise, en vendre une petite partie sur le marché local et exporter le reste. D'ailleurs le ministre des Finances lui-même, Claude Bachand, admet cet possibilité. (1)

L’animateur de Tout le monde en parle a trouvé Normandeau solide. Moi, impudente

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(1) Charles Côté. « Gaz de schiste: le ministère des Finances envisage l'exportation ». cyberpresse.ca, 13 octobre 2010 (page consultée le jeudi 14 octobre 2010)