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lundi, décembre 07, 2009

Une très bonne question

« Au sein de la députation libérale, on se dit que mieux vaut susciter la grogne populaire en écartant la tenue d'une enquête publique que de renoncer au pouvoir pendant dix ans à la suite de l'enquête. C'est la leçon qu'on tire de la commission Gomery et des malheurs des libéraux fédéraux depuis.

» On se dit aussi que Gérald Tremblay a fini par gagner ses élections même s'il a fermé les yeux pendant des années sur la collusion dans l'industrie de la construction. » (1)

Ces deux paragraphes, tirés du Devoir, résument tout ce que j'ai lu depuis un mois sur le gouvernement Charest. Les faits sont accablants, et les médias nous en apportent de nouveaux à chaque jour. Les derniers en date concernent le marchandage de places en garderie. Véritable système de corruption, c'est-à-dire d'avilissement :

« Le milieu des garderies n'est pas réputé riche. Que tant de propriétaires de garderies donnent de l'argent à un parti politique, c'est déjà étonnant. Que plusieurs d'entre eux, en plus, obtiennent des permis après avoir fait des dons importants, alors qu'ils n'avaient jamais contribué auparavant, cela l'est encore plus.

» Lorsqu'une famille donne 24 000 $ en six ans (ça fait 4000 $ par année, ce qui est beaucoup au Québec) à un parti et obtient quatre permis de garderie, il est permis de poser des questions.

» Lorsque dans une région comme Lanaudière, 70 % des garderies ayant obtenu des permis appartiennent à des donateurs du parti au pouvoir, il est aussi légitime de soulever une ou deux questions.

» Idem lorsque des entreprises obtiennent un permis après que leur projet de garderie eut reçu une évaluation médiocre du ministère de la Famille. » (2)

Remarquez, il fallait s'y attendre. Le PLQ, contrairement à Québec Solidaire ou au PQ de 1976, n'est pas porté par un programme politique visionnaire, par des idéaux, voire même, par le souci du bien commun. Le parti de Charest tire sa force – entendez : sa richesse – de la somme des intérêts particuliers qu'il conjugue, de ses accointances historiques avec le milieu des affaires. La preuve a contrario de cet état de fait : Charest a démis en février 2006 son ministre de l'Environnement, Thomas Mulcair, pourtant très populaire, afin de calmer certains collègues ainsi que certains élus municipaux et promoteurs immobiliers, tous fort courroucés de constater que les lois environnementales seraient désormais appliquées. (3)

Ajoutez à ce péché originel du PLQ le fait qu'il est au pouvoir depuis 2003, qu'il vient de remporter une troisième élection d'affilée – du jamais vu depuis Duplessis – et qu'il fait face, au parlement, à une opposition affaiblie en quête de crédibilité.

Dans un tel contexte de pourrissement, le pouvoir sert avant tout à l'enrichissement du parti et des amis du régime. Je cite à nouveau l'article du Devoir :

« D'ailleurs, presque sept ans après avoir pris le pouvoir, le PLQ est une formidable machine à collecter de l'argent. L'an dernier, le parti de Jean Charest a encaissé 10 millions. C'était une année faste, car c'était une année d'élections. Mais bon an, mal an, le PLQ récolte entre sept et neuf millions, soit le double du PQ. On se demande ce que fait le PLQ avec autant d'argent, surtout quand on pense que les dépenses électorales des partis au Québec ne peuvent excéder 3,8 millions et que les élections ont lieu habituellement tous les quatre ans. »

Voilà une très bonne question.

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(1) Dutrisac, Robert. « Québec - Le pari de l'entêtement ». Le Devoir [En ligne] (Samedi, 5 décembre 2009) (Page consultée le 7 décembre 2009)

(2) Marissal, Vincent. « Poupongate ou pur hasard ? ». Cyberpresse [En ligne] (Jeudi, 3 décembre 2009) (Page consultée le 7 décembre 2009)

(3) Francoeur, Louis-Gilles. « Environnement - Mulcair victime de son bilan et de sa pugnacité ». Le Devoir [En ligne] (Mercredi, 1er mars 2006) (Page consultée le 7 décembre 2009)

A lire aussi :

– « Pourrissement ». 27 novembre 2008

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