Premier de deux textes
Les écologistes n'ont décidément pas la cote par les temps qui courent. Du moins si j'en juge d'après deux textes publiés sur l'Internet, l'un sous la plume de Louis Cornellier, du Devoir, l'autre de Pierre Foglia.
Le plus décevant des deux est Cornellier. Son texte rend compte d'un essai portant sur la décroissance. Or, cette décroissance, pourtant inévitable sur une planète qui est un écosystème fermé, où les ressources ne sont pas infinies, notre chroniqueur l'a de toute évidence dans la gorge. Il y voit un refus de l'individualisme : « Les partisans de la décroissance, d'ailleurs, le reconnaissent ouvertement en insistant sur le fait que sortir radicalement du capitalisme, comme ils le proposent, signifie aussi en finir avec l'anthropocentrisme et l'individualisme modernes, deux attitudes qu'ils condamnent, alors que d'autres, dont je suis, les défendent parce qu'ils y trouvent ce qui fait, en partie, la noblesse de la pensée occidentale. » (1) Cornellier peut se rassurer. La décroissance, même brutale, ne tuera jamais la noblesse de cette pensée occidentale si précieuse, ni l'individualisme, puisqu'elle en sera le plus amère des fruits ; elle tuera seulement quelques centaines de millions d'hommes. Et plus nous la refuserons, plus meurtrière sera sa dévastation.
Mais qui sont ces partisans de la décroissance ? Les écologistes bien sûr. Présentés ici comme des radicaux, des intégristes de la cause verte, opposés à l'Homme et à son droit légitime au bonheur. Et pour donner un semblant de crédibilité à ce préjugé, à cette réduction grossière, Cornellier convoque l'ineffable Claude Allègre, toujours lui, qui fut grand jadis d'être aujourd'hui si petit, n’ayant rien de plus urgent à faire que de s'en prendre à cette « écologie qui prône la décroissance, la pénurie, qui parle de catastrophes imminentes, d'économie frugale, de méfiance vis-à-vis de la science... »
Ai-je bien lu ? De méfiance vis-à-vis de la science ? Mais c'est tout le contraire ! L'alarme, ou les alarmes environnementales, les innombrables alarmes, qui appellent chaque semaine à la mobilisation, nous éveillent à la fragilité de l'écosystème planétaire, sont la plupart du temps sonnées tout d'abord par des scientifiques comme ceux du GIEC, du PNUE, de la NASA, de l’Union of Concerned Scientists, etc. Les médias et les groupes écologistes se font au contraire l'écho assez fidèle de ces alarmes qu’ils ne créent pas. Il est aussi faux de prétendre qu’ils prônent la décroissance, comme on dit : prôner une idéologie. La décroissance n'est pas une idéologie, quoiqu’en disent Allègre et Cornellier. Elle est une réalité en devenir. Une réalité que les pêcheurs de morues connaissent déjà très bien, tout comme les travailleurs forestiers, à leur corps défendant.
Une réalité qui sera, dans quelques décennies – bientôt -- LA réalité.
__________
(1) Cornellier, Louis. « Essai québécois. La décroissance est-elle une option ? ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi 22 et dimanche 23 décembre 2007) (Page consultée le 10 janvier 2008)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire