Je reçois un courriel de Francine ce matin. Une très belle chanson que j'avais oubliée, de Daniel Lavoie : « J'ai quitté mon île ». Elle la fredonnait hier, en numérisant les pages de Tristes tropiques. Je voulais la retrouver sur l'Internet aujourd'hui. Plus besoin. Ma sœur me l'offre, jointe à son courriel.
J'ai cliqué...
Une très belle chanson, j'ai dit. Plus que belle : émouvante. Une mélodie très douce, des paroles simples qui racontent le deuil, la séparation. J'avais le cœur serré.
Plus tard, durant ma sieste après le clapping, j'ai rêvé que moi et papa – et peut-être d'autres membres de la famille, sur le siège arrière – nous quittions la maison du village pour aller à la messe. Mais notre Cherokee rouge ne s'est pas arrêté devant la petite église blanche de mon enfance. Il a continué jusqu'à une fourche qui menait au Lac à la Truite (là où nous avons déménagé en 1974, quand j'avais huit ans). Le chemin de terre était couvert de neige ; Noël ne devait pas être loin. J'ai dit à papa :
« Oui, mais papa, on a plus de maison au Lac. – C'est pas grave, m'a-t-il répondu. On va se promener et regarder. »
Sa réponse triste m'a fait sentir que nous étions seuls et abandonnés, comme des êtres errants.
À ce sentiment s'ajoute maintenant cet étrange silence d'avoir vécu quelque chose d'important.
J'ai quitté mon île
quand on m'a envoyé.
L'ai quitté tranquille,
sans chanter ou pleurer.
Un beau matin, vous verrez les voiles de mon voilier
prendre le large...
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