Premier de trois textes.
Harper est reparti satisfait de Copenhague. Voilà qui dit, mieux que tout, l'échec que fut la conférence qui devait relancer la lutte contre le réchauffement climatique pour la période post-2012. La faute au Canada bien sûr, qui, pour une troisième année consécutive, a reçu le prix Fossile de l'année. Mais, surtout, la faute aux États-Unis et à la Chine, les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) de la planète. Obama, malgré ses discours encourageants, n'a exercé aucun leadership. Pire, les négociateurs américains ont sciemment paralysé le groupe chargé d'élaborer le « plan de coopération à long terme » (long-term cooperative action) en y ajoutant un nombre si élevé de propositions que sa négociation devenait impossible compte tenu du peu de temps qu'il restait. En outre, les États-Unis n'ont rien concédé quant à leur cible de réduction d'émissions de GES ni, même, quant à l'année de référence qu'ils ont choisi pour évaluer la progression des réductions, soit 2005. C'est donc dire qu'il y aura désormais deux années de référence : 1990 pour le reste de la planète, 2005 pour les États Unis... et 2006 pour le cancre seul au fond de la classe : le Canada.
Il faut dire, à la décharge d'Obama, que le Congrès ne lui donne aucune marge de manœuvre. L'opinion américaine est peu préoccupée par la lutte contre le réchauffement climatique et reçoit une image déformée, embellie du rôle des États-Unis en la matière. L'article du New York Times consacré à l'« entente » de Copenhague est à cet égard assez représentatif : Wen Jiabao y tient le mauvais rôle, par sa mauvaise volonté et ses provocations, devant un Obama déterminé qui force les portes et arrache in extremis un accord. (1) Curieusement, c'est cette version tronquée que l'on retrouve sur Cyberpresse : « Malgré la tenue de deux rencontres entre le président américain et le premier ministre chinois, Wen Jiabao, le moment clé des négociations serait survenu lorsque M. Obama est entré sans s'annoncer dans une rencontre réunissant la Chine, l'Inde et le Brésil, selon le New York Times. Faisant fi des protestations des responsables chinois du protocole, M. Obama aurait alors affirmé que les négociations ne devaient pas se tenir en secret, geste qui aurait permis aux pays de se rapprocher et ainsi, de dénouer l'impasse ». (2)
Pour une version plus juste des négociations de Copenhague, il vaut mieux s'en remettre au Devoir, notamment au remarquable article de Louis-Gilles Francoeur paru aujourd'hui. (3)
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(1) Revkin, Andrew C. et Broder, John M. « A grudging accord in climate talks ». The New York Times [En ligne] (Samedi, 19 décembre 2009) (Page consultée le 21 décembre 2009)
(2) Cardinal, François. « Une entente au rabais à Copenhague ». Cyberpresse.ca [En ligne] (Vendredi, 18 décembre 2009) (Page consultée le 21 décembre 2009)
(3) Francoeur, Louis-Gilles. « Analyse - L'après-Copenhague s'annonce laborieux ». Le Devoir [En ligne] (Lundi, 21 décembre 2009) (Page consultée le 21 décembre 2009)
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