11 h. Je suis au lit, comme tous les jours à cette heure. La préposée va arriver bientôt pour me donner un demi-Boost et un verre de jus de légumes. De gros flocons dansent dans le carré de la fenêtre, et, au moment précis où j'écris cette phrase, un air de Noël, joué à l'orgue Hammond par Lucien Hétu, remplit mon appartement de vibrations nostalgiques.
J'ai rassemblé toutes mes chansons de Noël en une seule liste d'écoute (playlist) que Winamp parcourt de manière aléatoire.
Un beau temps des Fêtes. Le corps et l'esprit remplis de réminiscences. Tout n'est pas parfait, les nuits sont parfois tourmentées, mais la lumière du jour et, ce matin, cette clarté neigeuse et scintillante, me ramènent à des pensées plus sereines.
*
Il est quinze heures vingt. La préposée s'apprête à quitter : « Bye Ket ! »
Où en étais-je ?
L'année dernière, je constatais, déçu, que je n'arrivais pas à trouver Noël. Cette année, l'esprit des Fêtes a surgi dès la fin de novembre, comme un regain inattendu après le passage à vide du 13, jour de double anniversaire : de ma naissance et de la mort de papa.
Ce qu'il y a de curieux, c'est que les conditions objectives de mon existence ne se sont pas améliorées depuis ce temps. Je ne vais au fauteuil qu'une journée sur deux, de 14 h à 19 heures ; quant à ma colonne, elle est une chose de moins en moins vertébrale, et mes poumons... Et cætera.
Le corps et l'esprit ne sont pas toujours en phase. L'intensité d'une émotion va entraîner le corps dans le mouvement – volontaire ou non – de l'esprit, alors qu'à l'inverse, il arrive qu'un état physique vienne brusquement occuper tout le volume de la conscience. Un va-et-vient qui ressemble parfois à une lutte.
Mais aujourd'hui, dans mon lit si confortable, nul tiraillement. À côté de moi, deux chandelles projettent une lueur chaude et douce pendant que j'écris ce billet. Il est 16 heures. Bientôt la pénombre. Je suis bien, je suis heureux.
Joyeux Noël à tous et à toutes.
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