Deuxième de deux textes.
Il y a donc ceux qui perçoivent l'écologie comme une idéologie radicale, laquelle, en osant parler de décroissance, fait passer la cause « verte » avant l'Homme et son droit légitime au bonheur. C'est la position défendue par Louis Cornellier et le trop connu Claude Allègre, position que j'ai critiquée dans mon dernier billet.
À l'opposé, il y a ceux, plus rares, comme Pierre Foglia, que je cite :
« Ce qui m’emmerde dans l’écologie, c’est son infantilisation. Les premiers cours de recyclage sont donnés dans les maternelles, mais ni à la maternelle, ni au secondaire, ni à l’université on n’en vient jamais à l’essentiel : l’expansion illimitée de la production. Y compris la production illimitée de produits écologiques.
» Toute l’activité de la société est tournée vers l’expansion illimitée. C’est le moteur du monde.
» Or c’est ce moteur, pas celui de votre Toyota qui est la première cause du réchauffement de la planète. Parler d’écologie sans parler de réduction de la consommation est une plaisanterie. » (1)
J'ai mis sur YouTube un extrait d'entrevue accordée par le professeur Rodolphe De Koninck sur les ondes de Télé-Québec. Cet extrait illustre parfaitement le propos de Foglia.
De Koninck pose d'abord le constat facile : notre empreinte écologique est trop marquée, nous tirons de la planète plus de ressources qu'elle ne peut en produire. La solution ? Aïe, aïe, aïe ! C'est là que le propos s'enlise, s'enfonce dans la banalité la plus lâche. L'animateur pose la question : oui, mais que faire « concrètement » pour réduire notre empreinte écologique ? Réponse du spécialiste : concrètement, euh... « on continue à analyser les aspects négatifs de notre façon d'occuper la terre et puis on l'enseigne ». (2) That's it. La solution viendra d'elle-même plus tard -- ouf ! -- au fur et à mesure que les nouvelles générations mieux éduquées remplaceront la nôtre. Pas un mot sur une nécessaire et courageuse réduction à court terme de la consommation. La remise en question de notre mode de vie, laissons-la en héritage à nos jeunes.
Ce refus larvé, ce déni, on le retrouve aussi dans ce commentaire d'un autre brillant universitaire, un nommé Christopher Green : « Dans son film, Al Gore avait raison de parler d'une vérité qui dérange. Le problème, c'est qu'il ne parle que d'une de ces vérités alors qu'il y en a deux. L'autre vérité, c'est que les technologies alternatives qui permettraient d'atteindre les objectifs qu'on se fixe en matière de changements climatiques n'existent pas encore et qu'il faudra peut-être 40 ou 50 ans pour les inventer. Et l'imposition d'une taxe astronomique sur le carbone n'y changera rien, dit le professeur de McGill. » Encore ici, pas un mot, pas la moindre ébauche d'une solution passant par la réduction de la consommation. Les technologies ? Oui, mais ce sera long. Alors, en attendant qu'est-ce qu'on fait ? Rien. On achète des voitures hybrides, des produits certifiés Energy Star, des ampoules fluocompactes, des produits équitables. Bref, on achète du temps, on fait semblant.
Parler d’écologie sans parler de réduction de la consommation est une plaisanterie.
Et c'est ce qu'on a envie de dire à tous ces intellectuels, professeurs, spécialistes à la con qui forment notre élite supposément éclairée : non, mais, vous plaisantez là, hein ?!
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(1) Foglia, Pierre. « On s’engueule encore un petit peu ? ». Cyberpresse.ca [En ligne]. (Mardi, 11 décembre 2007) (Page consultée le 14 janvier 2008)
(2) L’extrait est accessible sur le site de YouTube, à l’adresse :
http://www.youtube.com/watch?v=Q2zuJH-q_Rc
(3) Desrosiers, Éric. « Climat : quand le marché s'en mêle » . Le Devoir [En ligne] (Samedi, 12 et dimanche, 13 janvier 2008) (Page consultée le 14 janvier 2008)
Sur la question du déni, lire aussi :
-- « Et si tout le monde était une Geneviève Jeanson ? ». 22 octobre 2007
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