Premier de trois textes.
Mercredi, 14 octobre. Je m'éveille mal en point, pris d'un malaise auquel, vers midi, s'ajoute la nausée et, plus tard, la fièvre. Le lendemain, le pic de fièvre grimpe d'un degré et, le surlendemain, d'un autre degré. À plus de 103 ° F, vendredi après-midi, seul, au lit, je commence à paniquer. En soirée, une infirmière du CLSC, venue évaluer mon état, me recommande d'aller à l'hôpital.
Aller à l'hôpital !
Je suis catastrophé. J'imagine une urgence bondée, comme dans les Invasions barbares ; le personnel qui passe et repasse près de moi sans m'accorder la moindre attention, moi, couché sur une civière dans un corridor sombre aux murs jaunis...
Et qui va m'accompagner ?
Au deuxième coup de fil j'ai ma réponse : Gigi bien sûr.
Une heure plus tard, elle est chez moi, et, pendant qu'elle fait les bagages, Hadja, dont c'est la soirée de travail, me donne un bain au lit.
Les ambulanciers n'ont pas tardé. J'ai tout juste eu le temps de faire passer le rasoir sur ma tête crasseuse, qu'il valait mieux avoir dénudée en la circonstance. Une douche aurait été préférable, car, en vérité, l'effort pressé de Hadja n'avait pas produit de résultat bien tangible. Mais il aurait fallu pour cette tâche la présence de Catinette, l'experte en travaux lourds d'hygiène. Catinette vous décrasse un infirme en moins de deux : l'eau gicle, la peau rougit, le sang s'active. Parfois, même, un pet inopiné. Vous ressortez de la salle de bain propre, vivifié et vidé.
Les ambulanciers étaient sympathiques. L'un d'eux a pris mes signes vitaux, a posé quelques questions. J'étais un peu embêté car ma fièvre était tombée et je me sentais bien.
Dehors, le ciel opaque de cette nuit d'automne a réveillé un vieux désir d'étoiles. J'ai pensé aux Laurentides de ma jeunesse. L'air frais réconfortait.
En route vers l'hôpital Saint-Luc, le corps embué de réminiscences, j'ai fait remarquer à Gigi – dont je suis perpétuellement amoureux – que nous avions là, finalement, notre voyage de noce. Je portais une jolie couverture rouge, et elle, tous mes bagages dans une poche de lavage.
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