Mon petit commentaire sur la réforme « du programme d'études de l'école primaire et secondaire », (1) puisque c’est ainsi, paraît-il, qu’il faut l’appeler.
Il y a ceux qui sont pour. Ceux-là ont décidément bien du pain sur la planche. Car il y aussi ceux qui sont contre. Et ceux-là apparemment sont de plus en plus nombreux. De part et d’autres les arguments fusent et moi et la majorité silencieuse au milieu, moi, j’y père mon latin... et même mon français, tiens.
Je n’ai pas d’enfants bien sûr, mais ma soeur Loulou a sa petite Adéline qui est en deuxième année, et ce qu’elle me dit n’a rien de rassurant : « C’est fou ce qu’ils n’apprennent rien ! » Chaque soir, elle passe donc une heure avec sa fille pour lui apprendre ce que sa professeure, diplômée en « sciences de l’éducation », ne lui a pas appris pendant la journée. Il faut dire qu’en classe, le rythme d’apprentissage est déterminé par les élèves les plus faibles. Ce qui m’a le plus étonné, c’est que les élèves doués n’ont pas le droit de s’avancer dans leurs matières ; s’ils ont terminé leurs leçons, ils ne peuvent pas non plus, comme nous le faisions autrefois, aider leurs camarades. La diplômée en sciences de l’éducation leur dit tout bêtement de s’amuser en attendant. Alors ils comprennent que plus vite ils ont fini leurs leçons, plus vite ils peuvent s’amuser. Yeah ! C'est ainsi qu’ils finissent par bâcler les exercices dans leurs cahiers.
Faut-il s’étonner dès lors que, six ans après l’implantation de cette réforme, les résultats à l’épreuve obligatoire d’écriture en français soient jugés « inquiétants » (2)
Loulou a elle-même été victime, si j’ose dire, de ces gourous du ministère de l’Éducation qui, au tournant des années 1970, avait introduit au primaire la méthode dite « du sablier », une catastrophe dont le chef actuel du PQ, André Boisclair se plaignait encore récemment. (3)
Cela dit, il se peut que le problème se trouve bien en amont de cette réforme. Et si c'était la société qui avait changé ? J’en viens à cet extrait d’un éditorial de Josée Boileau :
« L'école, du primaire jusqu'à l'université, est prisonnière d'un double discours. D'une part, elle doit veiller à ce que les apprentissages soient maîtrisés ; d'autre part, nous ne tolérons pas l'échec. Que diraient les parents, les élus, les journalistes si une école constatait que le tiers des enfants de six ans qui la fréquentent ne sont pas de niveau, qu'ils reprendront donc le b-a ba le temps qu'il le faudra ? Ce serait le tollé. Et le système n'est pas conçu pour ça.
» On veut donc des résultats. Partout en Occident, les ministres de l'Éducation fixent des objectifs de réussite, toujours plus élevés, le ministère s'arrange pour qu'ils soient atteints, les médias s'indignent s'ils ne sont pas respectés, les parents prennent fait et cause pour leur enfant. Et tout le monde ferme les yeux sur la classe réelle, celle avec laquelle le prof doit se débrouiller.
» Peut-être que la démocratisation scolaire aurait dû s'accompagner de l'acceptation que seuls ceux qui le peuvent réussiront ». (4)
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(1) Cornellier, Louis. « Essais québécois - Un autre regard sur la réforme scolaire ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi 10 et dimanche 11 mars 2007) (Page consultée le 1er avril 2007)
(2) Chouinard, Marie-Andrée. « Réforme scolaire : résultats décevants ». Le Devoir [En ligne]. (Mardi, 20 juin 2006) (Page consultée le 1er avril 2007)
(3) Robitaille, Antoine. « Boisclair, victime de la ‘ méthode du sablier ’ ». Le Devoir [En ligne]. (Lundi, 19 mars 2007) (Page consultée le 2 avril 2007)
(4) Boileau, Josée. « Grand mensonge ». Le Devoir [En ligne]. (Mardi, 5septembre 2006) (Page consultée le 1er avril 2007)
Lire aussi :
« Individualité infantilisée ». 21 janvier 2007