Le 12 janvier 2010, à 16 h 53, Port-au-Prince, capitale d’Haïti, était rayée de la carte. Tout autour, des villages subissaient le même sort.
Plus de 220 000 morts.
Des centaines d’ONG ont alors déferlé sur la « perle des Antilles », au secours des victimes ; des milliards de dollars ont été promis devant les caméras pour la reconstruction ; et… rien n’a été fait. Cinq pour cent des débris ont été enlevés ; 800 000 personnes vivent toujours dans des camps insalubres, 100 000 autres vivent dans des abris provisoires aménagés par l’aide internationale, et 600 000 sont « retourné[e]s dans leurs maisons, même si beaucoup vivent dans leur cour, par crainte de nouveaux effondrements » (1) ; l’État ne dispose toujours pas d’édifices permanents où loger les ministères ; et, comme si cela ne suffisait pas, le choléra, disparu depuis un siècle, est réapparu et s’est propagé à une vitesse fulgurante. Deux enquêtes épidémiologiques ont confirmé que la source de l’épidémie – qui a causé jusqu’à présent 3600 décès -- provenait du camp népalais de la Minustah, situé près de Mirebalais, dans le centre du pays. (2) Inutile de dire que la MINUSTAH est l’objet d’un discrédit total et définitif ; un texte paru dans Le Monde parle d’un « fossé » qui sépare désormais la communauté internationale de la population haïtienne. (3)
La responsabilité des grandes puissances, en particulier les États-Unis, est immense. En 1980, la région de Port-au-Prince comptait environ 700 000 habitants, trente ans plus tard, au moment du bagay la, ils étaient plus de 2,5 millions. L’urbanisation est un phénomène mondial qui remonte à très longtemps. Cependant, le cas haïtien, comme celui de plusieurs pays pauvres, présente une particularité qui doit nous interpeller. En 1986, Haïti s’est engagée dans des « programmes d’ajustement structurel », tristement célèbres, imposés par le FMI et la BM en échange d’aide financière. (4) Ces deux institutions, contrôlées par l’Europe et les États-Unis, ont forcé le pays à réduire ses tarifs douaniers sur les produits agricoles étrangers, subventionnés à coups de milliards. Les prix de certains produits ont chuté, acculant les agriculteurs haïtiens à la faillite, provoquant un exode des campagnes vers la ville. Les politiques odieuses du FMI ont détruit le tissu social et sont responsables non seulement du nombre élevé de victimes du séisme de l’an passé, mais aussi de la crise alimentaire qui a frappé en 2008 et menace de frapper cette année encore.
De l’espoir pour Haïti ?
Ce pays trahi par sa classe possédante, mis de facto sous tutelle étrangère, peut difficilement se donner les moyens d’un développement ordonné. Rien n’illustre mieux cette réalité que la présence écrasante des États-Unis qui ont fait construire près de l’aéroport national d’Haïti la quatrième en importance de toutes leurs ambassades, après celles d’Irak, de Chine et d’Allemagne. (4) Avis au successeur de René Préval…
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(1) Centre d’actualité de l’ONU. « Un an après le séisme, Haïti reste confronté à d'énormes défis ».
(2) Benjamin Fernandez. « L’échec des Nations unies en Haïti ». Le Monde diplomatique, 12 janvier 2010.
(3) Jean-Philippe Belleau. « L'imposture des Nations unies en Haïti ». Le Monde.fr, 31 décembre 2010.
(4) « Haïti. Données sur l'agriculture et la crise alimentaire ». Comité catholique contre la fin et pour le développement, avril 2008.
(5) Jean-Pierre Cloutier. « À propos d’Haïti ». [Blogue] Dimanche, 9 janvier 2011.
Lire aussi :
-- « Haïti, le désastre de l’aide humanitaire ». Haïti info / La Nouvelle république, 17 décembre 2010.
-- Rony Brauman et Fabrice Weissman. « Aide internationale : ce qui se passe en Haïti ». Issues de secours, 12 janvier 2011.
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