Le ciel de ma petite vie vient de perdre son étoile polaire.
Mon idole Hubert Reeves s'est éteint aujourd'hui.
J'allais avoir vingt ans en 1985 quand j'ai lu Patience dans l'azur. Le titre est tiré d'un poème de Paul Valéry dont, page 17, je lus l'extrait suivant, mémorable :
Patience, patience,Patience dans l’azur !Chaque atome de silenceEst la chance d’un fruit mûr !
À partir de là, je n'ai plus regardé la voûte étoilée de la même façon et, par conséquent, ma propre existence s'en est trouvée radicalement transformée. Dans le vide laissé par mon athéisme naissant venait se loger une conscience nouvelle, qui me liait désormais à la totalité de l'univers en devenir. Pour la première fois, je m'ouvrais avec émerveillement, parfois avec angoisse, à un sentiment qui, aujourd'hui, est au cœur de ma vie : le sentiment de mystère.
J'ai lu par la suite Poussières d'étoiles, Malicorne, Le Banc du temps qui passe, où, chaque page, je communiais à un esprit ouvert, patient, désintéressé, humble, rigoureux, honnête, qui nous invite à ne pas chercher, à travers les pseudosciences, des réponses simples, immédiates et définitives, mais à savourer la sagesse, l'émerveillement des questions. C'est en séparant rigoureusement science et croyances que nous nous donnons la possibilité de nouvelles découvertes qui vont approfondir nos connaissances et, par là, le sentiment de mystère qui est au fondement de notre humanité.
Aujourd'hui, autant les pseudosciences prolifèrent, autant la bonne vulgarisation est abondante. Pour ma part, outre Les années lumière, dont je suis un auditeur fidèle, j'admire particulièrement le travail de vulgarisation d'Étienne Klein, de David Louapre et d'Aurélien Barrau. Ils sont les continuateurs de l'œuvre de Reeves. Par eux, comme par l'unique fenêtre de ma chambre, la lumière entre dans ma vie.