« En collaboration avec la communauté internationale, les dirigeants haïtiens s'engagent à conclure un nouveau contrat social avec le peuple. Autrement dit, il faut un gouvernement entièrement démocratique, doté de politiques économiques et sociales judicieuses pour faire face à l'extrême pauvreté et aux disparités profondes en matière de répartition des richesses. » (1)
Quelle incroyable foutaise ! Je suis habitué au langage diplomatique, qui a sa raison d’être. Mais y’a toujours ben une maudite limite ! Le président René Préval en fin de mandat n’a qu’un objectif, et ce n’est pas de conclure un nouveau contrat social avec le peuple ayisien. Plutôt le contraire. Ne rien changer. Et pour cela, il lui faut « les deux mains sur le volant », forcer la tenue d’élections « démocratiques » afin d’assoir au plus sacrant une légitimité au moment où des milliards de dollars d’aide à la reconstruction sont promis à Ayiti pour les prochaines années.
Oubliez la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti, par laquelle vont transiter tous ces milliards. Bill Clinton, qui en est, avec le premier ministre Jean-Max Bellerive, le co-président, n’est là que pour donner le change. Cette commission, composée de 23 personnes de différents milieux, ne changera rien au foutoir qu’est présentement Ayiti. Un rapport du Département d’Etat américain sur la corruption dans les instances de pouvoir, notamment au sein de l’exécutif, place le pays au 168e rang sur 180, et lui accorde une note de 1,8 sur 10. (2) Préval a réfuté ces « allégation », mais d’autres voix, dont celle du sénateur Youri Latortue les ont confirmées. (3) Et, comme pour noircir encore le tableau, je tombe tout à l’heure sur un article où il est question d’un rapport de l’université Harvard très critique envers la MINUSTAH. Celle-ci aurait échoué à accomplir sa mission, qui est de désarmer et démobiliser les troupes, de soutenir le processus démocratique et le respect des droits de l’homme. (4)
La question, néanmoins, qu’il ne faut pas poser : donner ou ne pas donner ? « Carine Guidicelli, du CECI, dit évidemment qu'il faut encore donner aux organismes, mais après avoir fait ses recherches. ‘ Avant de faire un don, il faut se poser des questions. L'organisme était-il présent dans le pays avant la catastrophe ? Depuis longtemps ? A-t-il des partenaires crédibles sur place ? ’
» C'est aussi ce que prône le Dr Réjean Thomas, cofondateur de Médecins du monde Canada […] ‘ De la corruption, il y en a partout, y compris chez nous, alors qu'on a en main tous les mécanismes pour la prévenir ! En situation d'urgence, dans un pays pauvre, c'est sûr que la corruption a plus de risques de s'installer. Je continue néanmoins de penser qu'il se fait beaucoup plus de bien que de mal. Il faut donner, en choisissant un organisme fiable. ’ » (5)
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(1) Ban Ki-moon. « Vers un nouvel avenir pour Haïti ». Le Monde.fr [En ligne] (Mercredi, 31 mars 2010) (Page consultée le 31 mars 2010)
(2) Ces chiffres ne sont pas cités comme tels dans le rapport, ils émanent plutôt de Transparency International qui produit, à chaque année, au terme d’une enquête, son Indice de perceptions de la corruption. Le Département d’État américain s’appuie sur cet indice qui fait autorité.
(3) JMD. « Le rapport du Département d’Etat américain sur la corruption dans les instances de pouvoir en Haïti reflète la réalité, selon le sénateur Youri Latortue ». Radio Kiskeya [En ligne] (Mardi, 16 mars 2010) (Page consultée le 31 mars 2010)
(4) Auteur non mentionné. « La mission de l'ONU en Haïti a échoué, selon un rapport ». Le Devoir [En ligne] (Mardi, 23 mars 2010) (Page consultée le 31 mars 2010)
(5) Louise Leduc. « Le travail des organismes humanitaires critiqué ». Cyberbresse.ca [En ligne] (Lundi, 22 mars 2010) (Page consultée le 31 mars 2010)