Rechercher dans ma chambre

mardi, décembre 23, 2008

Je cherche Noël

Je cherche Noël. Ça ne devrait pourtant pas être difficile à trouver dans un trois-et-demie. En outre, j’ai placé des repères facilement reconnaissables, comme le sapin illuminé, l’étoile accroché au-dessus de la porte-fenêtre du salon, les chandelles dorées sur la table, décorées de motifs de houx et surtout, le casse-noisettes d’un mètre de haut, placé près de la télé, parmi les plantes. Dans la chambre, affiché à l’écran d’ordinateur, un fond d’écran de circonstance. Partout dans l’air, désert... euh... des airs, dis-je, des airs de Noël : Pavarotti, Domingo, Fernand Gignac et même Lucien Hétu que nous écoutions autrefois en famille. De plus, question de ne rien laisser au hasard, j’ai quelque peu délaissé les journaux pour concentrer mon attention sur des émissions enfantines comme Ciné Cadeau à Télé-Québec, ou des films comme Harry Potter. L’après-midi, installé à la table, je mange, par petites portions frugales, des galettes au chocolat faites par ma grande sœur, en attendant la livraison du ragoût de boulettes made in La Macaza. Le regard tourné vers l’intérieur, je mastique le temps présent devant le salon soigneusement décoré...

Ces efforts ont toujours suffi.

Mais aujourd’hui...

Aujourd’hui, la magie de la réminiscence n’advient pas. L’affect lié au souvenir n’advient pas.

Ne reste que le souvenir, qui n’a guère de saveur.

Au milieu de mon théâtre des Fêtes, je cherche Noël et je commence à comprendre que, pour la première fois, je n’arrive pas à m’habiter de mon enfance.

Dans la chambre, de la fenêtre je peux voir le petit parc en contrebas. Une phrase de Louis Hamelin me revient : « Tout était blanc autour de moi, et doux et silencieux, tandis qu'une neige aussi légère que du pollen de pissenlit emplissait le ciel de laine grise dans sa descente étouffée » ¹.

Joyeux Noël à tous et à toutes. Je vous embrasse.

Cette photo trouvée sur Internet aurait pu être prise
près de l'ancienne maison familiale, au lac à la Truite

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¹ Hamelin, Louis. « Hommes du Nord ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi 13 et dimanche 14 décembre 2008) (Page consultée le 23 décembre 2008)

mercredi, décembre 17, 2008

Sapin de Noël

Je n’ai jamais compris pourquoi le sapin de Noël avait été renommé « sapin des Fêtes ». Un ami musulman à qui je posais la question n’y comprend rien lui non plus : lui-même fête Noël ! Cette idée universellement stupide n’a pu venir que de gens déconnectés de la réalité des immigrants dont plusieurs sont chrétiens incidemment.

Un article du Devoir, signé par l’anthropologue Daniel Baril, contribuera, je l'espère, à dissiper ce malentendu. Je cite :

Le mot Noël n’a rien de spécifiquement chrétien ni même de religieux au sens actuel du terme. Le mot a deux étymologies possibles. La première serait une contraction du latin natalis (naissance), tiré de natalis dies sol invictus, le « jour natal du Soleil invaincu ». (Noël semble loin de natalis, comme l’a souligné Hubert Laforge dans ces pages, mais on connaît d’autres mots ayant subi des transformations semblables, notamment patella, qui a donné poêle.)

Bien avant l’apparition du christianisme, cette fête était célébrée chez les Romains le 25 décembre, date à laquelle correspondait le solstice d’hiver avant la réforme du calendrier par Jules César. Cette fête du Soleil invaincu était celle de Mithra et a été christianisée au IVe siècle après que l’empereur Constantin eût imposé le christianisme comme religion d’État. Le natalis dies dont il est question dans Noël ne réfère donc pas à la naissance de Jésus, comme le pensent plusieurs, mais à celle de Mithra. Voilà ce que les dictionnaires ne précisent pas.

Une autre origine possible est le terme gaulois noio (nouveau) combiné au grec hel (soleil), ce qui donne noio hel pour nommer le jour du solstice. Que l’on adopte l’une ou l’autre des étymologies, Noël nous renvoie, dans les deux cas, aux fêtes du solstice d’hiver. Même les Vikings s’adonnaient à des festivités à l’approche de ce moment de l’année, festivités appelées yul ; dans les langues scandinaves d’aujourd’hui, Noël se dit Yul, mot que l’on retrouve aussi dans l’anglais classique comme dans le terme yul log, la bûche de Noël.

Coutume celtique

Quant au sapin de Noël, il nous viendrait des Celtes. Plus de 1000 ans avant le christianisme, les Celtes décoraient un sapin (symbole de vie) avec des fruits et des fleurs lors du solstice d’hiver. La pratique serait passée au christianisme par les Alsaciens qui en avaient maintenu la tradition. Mais ce n’est qu’au XIXe siècle que le protestantisme allemand l’a adopté alors que le catholicisme ne s’y est résigné qu’au XXe siècle. Jusqu’aux années 40, l’Église catholique considérait encore le sapin de Noël comme une pratique païenne condamnable. Il est pour le moins paradoxal qu’on attribue aujourd’hui au sapin de Noël un caractère trop catholique !

Ce que certains chrétiens fêtent le 25 décembre, c’est la Nativité. Le fait qu’il subsiste deux termes pour désigner cette date montre qu’il y a là deux dimensions. Les fêtes de familles, les partys de bureau, les festins, les décorations, les échanges de cadeaux et les beuveries sont liées à Noël et n’ont rien à voir avec le Jésus de la crèche. Aujourd’hui, Noël est souligné même au Japon et il faut y voir l’effet de la commercialisation plutôt que celui des missionnaires. Malgré la christianisation des fêtes du 25 décembre, la Nativité n’est en fait pas parvenue à éclipser les fêtes carnavalesques héritées des Saturnales romaines et des réjouissances celtes. De la même façon que Mithra est tombé dans l’oubli, le père Noël a éclipsé le sens religieux de la fête. ¹

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¹ Baril, Daniel. « Noël n'a rien de religieux, le sapin non plus ». (Mardi 16 décembre 2008) (Page consultée le 16 décembre 2008)

mardi, décembre 16, 2008

Suivre sa conscience

Publié le 12 septempre 2008 sur Blogue.ca

L'archevêque de Montréal, le cardinal Turcotte a annoncé cette semaine qu'il renonçait à l'Ordre du Canada qui lui a été remis en 1996. Raison ? Cette récompense vient d'être remise au Dr Henry Morgentaler, célèbre pour avoir défendu toute sa vie le droit des femmes à l'avortement, et devenu pour cette raison l'ennemi de tous les bigots hystériques.

Le cardinal Turcotte affirme qu'en suivant sa « conscience » il ne peut accepter d'être associé à un mécréant, un criminel. Il n'a pas dit le mot criminel, mais c'est tout comme. Il compare l'avortement aux « atrocités de la guerre ». Il faut dire qu'il sait de quoi il parle, puisqu'en cette période électorale il est lui-même sur le pied de guerre, ayant choisi son camp, celui de Harper, pour qui il nous fait un devoir moral de voter. Au passage, le cardinal ne se gêne pas d'admonester les Québécois quant au manque de « profondeur » de leur réflexion sur l'avortement : « C'est un peu comme la guerre, dit-il, à force de voir les atrocités de la guerre en Irak, de voir les pays du tiers monde qui crèvent de faim, on finit par se blinder contre tout cela ». (1)

Justement, monsieur le prélat, justement, la faim. Parlons-en. Qu'est-ce qui tue le plus d'êtres humains ici-bas ? L'avortement, ou le réchauffement climatique contre lequel Harper s'entête à ne rien faire ? L'avortement, ou la production d'éthanol que finance massivement le gouvernement conservateur, et qui est pourtant responsable, selon la Banque mondiale, de 75 % de la hausse du prix des denrées alimentaires de base, production qui a été qualifiée de « crime contre l'humanité » par Jean Ziegler ?

Comptez les morts de chaque côté, monsieur le prélat et, si vous n'êtes pas « blindé contre tout cela », répondez-nous en suivant votre « conscience ».

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(1) Porter, Isabelle. « Le cardinal Turcotte veut relancer le débat sur l'avortement ». Le devoir [En ligne]. (Vendredi, 12 septembe 2008) (Page consultée le 12 septembe 2008)

lundi, décembre 15, 2008

Une boule, là

Le Canada vient de recevoir le prix du « fossile de l’année » et, franchement, si l’heure n’était pas si grave, il y aurait de quoi rigoler.

Comme ce mot, fossile, décrit bien ce qu‘est Harper : un être préhistorique, figé depuis des millions d’années dans des idées qui n’ont jamais évolué, qui ne se sont jamais adaptés aux changements, des idées mortes que le premier ministre nous inflige à chaque jour pour notre bien. Le prix fossile fait évidemment référence aux énergies fossiles, comme le pétrole tiré des sables bitumineux dont les conservateurs sont les promoteurs les plus hargneux.

L’année dernière, à Bali, le Canada, ô surprise ! avait également reçu ce prix remis par le Réseau action climat au pays qui fait le plus obstruction à un accord international permettant de ralentir le réchauffement climatique.

Assailli de toutes parts sur cette question, le ministre de l’Environnement, Jim Prentice, est demeuré absolument crispé, se bornant à répéter mécaniquement que le Canada avait une « approche constructive ».

D’aucuns affirment que la réputation du pays en est gravement atteinte. Big deal. Si les fins esprits progressistes ne se reconnaissent plus dans le nouveau visage de primate du Canada dans le monde, ils n’ont qu’à retourner le miroir et regarder ailleurs. Par exemple en Afrique, où le réchauffement climatique fait des ravages. Le Haut commissaire adjoint de l’ONU pour les réfugiés, un certain Johnstone, révélait que d’ici la moitié du siècle, le nombre de réfugiés climatiques augmentera de 250 millions, ou 6 millions par année, déstabilisant des États fragiles, générant des conflits, semant le chaos. Cette conclusion, résultat d’analyses sérieuses menées par des gens qui n’ont nullement intérêt à inquiéter inutilement le bon peuple, me fait une boule là, à la jonction des côtes, je vous jure, une vraie boule dont je sais pas trop quoi faire comme d’habitude.

Peut-être l’accrocher au sapin parmi les boules multicolores, mais de manière à ne pas trop la voir.

C’est Noël après tout.

samedi, décembre 13, 2008

Culture de la distraction

Alors qu'a lieu à Poznan la conférence sur le climat, un bref commentaire de Louis-Gilles Francoeur nous ramène, une fois de plus, à nos propres comportements de consommation, à cette culture de la distraction, de la légèreté, dans laquelle nous baignons névrotiquement et qu'un voile de mauvaise conscience vient à peine ombrager de temps à autre. Je cite :

Selon le dernier inventaire de l'Union internationale pour la conservation de la nature, 19 % des coraux de la planète ont été stérilisés ou « blanchis » par le réchauffement des mers depuis une décennie. L'augmentation constante des concentrations de CO2 dans l'atmosphère terrestre pourrait faire disparaître le reste d'ici 20 à 40 ans en raison de notre gaspillage d'énergie dans nos maisons trop grandes et nos gros 4x4 et voitures inutilement puissants. On ne pense pas assez souvent, quand on pèse sur l'accélérateur, qu'on fait disparaître à jamais quelques grammes d'une énergie qui a pris plus de 100 millions d'années à se constituer et dont la contribution au réchauffement du climat va réduire à l'autre bout de la planète les ressources alimentaires d'humains aussi réels que nous, comme certains des 500 millions de personnes qui dépendent des récifs coralliens pour survivre. (1)

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(1) Francoeur, Louis-Gilles. « They Shoot Horses, Don't They ? ». Le Devoir [En ligne] (Vendredi 12 décembre 2008) (Page consultée le 13 décembre 2008)

dimanche, décembre 07, 2008

Ma soirée de hockey

Défaite de Jean Pascal hier. Puis défaite du Canadien. J’avais un peu la gueule serrée. Pour arranger les choses, il a fallu que je tombe sur l’éditorial de Pratte entre la deuxième et la troisième période du match. Ce connard de Pratte, c’est à croire qu’il me cherche. Paraît donc que jamais Harper n’a remis en question la légitimité du Bloc ni aiguisé le ressentiment anti-Québec. Quant au mot « séparatiste » que le premier ministre n’a jamais osé prononcer en français, synonyme pour lui de « traître », Pratte ne le considère nullement péjoratif. La preuve : le Petit Robert ne relève aucun usage en ce sens...

Tout l’après midi, c’est-à-dire à partir du moment où je me suis trouvé au fauteuil, un malaise physique m’a tenaillé, insidieusement au début, puis franchement, nettement, avec des pointes presqu’incisives, une fois ce malaise illuminé par la douleur. M’en suis retourné au lit à 19 h, fatigué. La défaite du Canadien m’a achevé. Moi qui n’attend rien d’autre du sport que d’être enveloppé dans l’énergie positive de la victoire et de l’invulnérabilité. À 22 h, pour ne pas céder tout à fait à cette humeur de fin des temps, j’ai mis le DVD de Planète Terre. Voyager à travers les splendeurs de notre émouvante planète. S’échapper. Le thème des montagnes m’a attiré, j’ai cliqué. Mal m’en a pris. En voyant l’Himalaya défiler devant mes yeux, mon malaise s’est élevé jusqu’à l’angoisse : le silence insoutenable de ces crête blanches, l’oppression de cette masse d’éternité... Transi dans ma vulnérabilité, ma fragilité, ma finitude, j’ai tout éteint. Puis Catia est arrivée pour m’installer pour la nuit. Une mauvaise nuit.







mardi, décembre 02, 2008

Un Québec fort dans un Canada uni

Il est assez révélateur de voir de voir des journaliste comme Lysiane Gagnon et André Pratte, de La Presse, s'indigner de la formation d'une coalition prête à prendre le pouvoir. « Un putsch », (1) s'exclame Gagnon. Pratte ne va pas aussi loin, mais son malaise est évident lorsqu'il parle d'une coalition « étrange », de « contorsions idéologiques »... (2)

Nos deux antibloquistes se donnent beaucoup de mal pour ne pas voir une réalité toute simple : l'opposition n'a pas le choix. Comme le mentionnait la chroniqueuse Chantal Hébert, le gouvernement conservateur a rompu le fragile lien de confiance avec les partis d'opposition en cherchant à tarir leur source de financement, en s'attaquant bassement à leur survie-même. Un conseiller du premier ministre avouait d'ailleurs s'inspirer des guerres puniques, la troisième de ces guerres ayant mené à l'écrasement définitif de l'ennemi carthaginois. Voilà qui est réconfortant pour Stéphane Dion ! Rien ne peut garantir que Harper, qui a remisé son projet devant la contre-attaque des coalisés, ne le ressortirait pas dans six mois si ceux-ci prenaient le risque insensé de ne pas le renverser aujourd'hui. À ce moment-là, il serait trop tard : les partis d'opposition ne pourraient s'opposer au projet sans entraîner la chute du gouvernement et le déclenchement d'élections. Ce danger n'a que rarement été évoqué jusqu'à présent. Pourtant il est au coeur du problème.

Au fond, ce qui agace tant l'engeance antibloquiste, c'est de voir le Bloc si près du pouvoir, si manifestement utile dans un rôle qui le met en valeur. Rappelons-nous que tout l'argumentaire contre le parti de Gilles Duceppe, asséné élection après élection, sans relâche, repose sur sa prétendue inutilité. Cet argument aujourd'hui vient de tomber. L'engeance n'a plus qu'une flèche dans son carquois, la vieille rangaine consistant à dépeindre le Bloc comme un parti « séparatiste », le Mal incarné, alors que nous pressentons tous très bien que l'option séparatiste, par ailleurs légitime, n'est plus un facteur, ni à Ottawa, ni à Québec.

Au-delà de la campagne de propagande qui se met en place, il n'est pourtant pas difficile de constater que les Québécois sont sur le point d'obtenir ce qu'ils ont toujours voulu : un parti représentant un Québec fort dans une coalition représentant un Canada uni.

Cette volonté n'est-elle pas légitime elle-aussi ?

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(1) Gagnon, Lysiane. « Un putsch, rien de moins ». Cyberpresse [En ligne]. (Mardi 2 décembre 2008) (Page consultée le 2 décembre 2008)

(2) Pratte,André. « Vaudeville à Ottawa ». Cyberpresse [En ligne]. (Mardi 2 décembre 2008) (Page consultée le 2 décembre 2008)